Atlantide, l'île des Démons... ces îles mystérieuses ont-elles vraiment existé ?

Certaines îles, comme la Lémurie, n’étaient que des légendes. D’autres, comme l’Atlantide, reposaient sur quelques éléments véridiques.

De Patricia S. Daniels
Publication 5 sept. 2022, 11:54 CEST
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Illustration des ruines imaginaire sous-marines de la civilisation de l’Atlantide.

PHOTOGRAPHIE DE Stockbym, Alamy Stock Photo

Pour les navigateurs des temps anciens, l’océan n’était que brume et terres inconnues. Ils y décrivaient des îles mystérieuses où vivaient des peuples divins, des créatures exotiques et des civilisations perdues. Certaines îles apparaissaient comme par magie à l’horizon et disparaissaient tout aussi mystérieusement. Les anciennes cartes étaient jonchées d’îles perdues dans les océans, qui en réalité, n’existaient pas. Du moins, de ce que l’on en sait. Pourtant, parmi tout ce brouillard de légendes se cachaient des fragments de vérité. Peut-être que Saint-Brendan a bel et bien débarqué en Amérique du Nord avant les Vikings. Peut-être qu’un événement naturel cataclysmique a entraîné la chute de l’Atlantide. Voici ce que nous savons des six îles les plus légendaires de notre Histoire.

 

LE ROYAUME ÉLABORÉ DE L’ATLANTIDE

Platon évoqua la grande île de l’Atlantide pour la première fois dans Critias, son dialogue daté du 4e siècle av. J.-C. Des Hommes divins, renommés pour « la beauté de leur corps » et leur « vertu » surplombées de ce lieu mystique, situé derrière les Colonnes d’Hercules, aujourd’hui détroit de Gibraltar. Les rois de l’Atlantide régnaient depuis un palace protégé par un mur de laiton, un autre d’étain et un dernier de cuivre.

Un cirque légendaire sur l’Atlantide.

PHOTOGRAPHIE DE Alamy Stock Photo

L’Atlantide et ses habitants demeurent des sujets très populaires dans les livres, les films, les émissions de télévision, les bandes dessinées et la musique. Certaines de ces œuvres rappellent le récit de Platon sur l’orgueil démesuré et la destruction. L’un de ces rappels les plus insolites reste sûrement Atlantis la chanson populaire du chanteur écossais Donovan, parue en 1969. Elle raconte comment d’Atlantide partaient des bateaux remplis de vieux sages, avant de se transformer en chanson d’amour destinée à « l’amour antédiluvien » du chanteur : « Way down below the ocean, where I want to be, she may be (Tout au fond de l’océan, là où je veux être, peut-être se trouve-t-elle). »

D’autres auteurs ultérieurs comme Sir Francis Bacon, William Blake ou encore Ignatius Donnelly, un politicien américain, continuaient de placer l’Atlantide dans la conscience publique. Toutefois, la question de la véritable existence de ce lieu persistait. De nombreux historiens et archéologues estimaient qu’une catastrophe de grande ampleur, tels un tremblement de terre, un tsunami ou de grandes inondations, auraient pu foisonner cette histoire. Le lieu le plus souvent mentionné était l’île égéenne de Santorin. Autrefois carrefour commercial connu sous le nom de Théra, la ville et son île furent balayées par une éruption volcanique gigantesque il y a environ 3 600 ans, qui a également pu déclencher un tsunami.

Le souvenir persistant de ce cataclysme a pu également façonner le conte de Platon. Les chercheurs en quête de l’histoire de l’Atlantide recherchèrent des preuves de ruines en Espagne, aux Bahamas et en Inde, en vain. À l’heure actuelle, les explorateurs continuent de rechercher l’île, ou son inspiration, dans les villes englouties du monde entier.

 

L’ÎLE DU BOUT DU MONDE : THULÉ

L’explorateur grec Pythéas écrivit en premier sur la mystérieuse île de Thulé dans son récit daté du 4e siècle av. J.-C., De l’Océan. Voyageur intrépide de Massalia, aujourd’hui Marseille, Phytéas visitait et décrivait l’Europe de l’Ouest avec précision. Il raconta que Thulé se situait à six jours de bateau au nord des îles britanniques, le long du cercle polaire. Les spécialistes ne savent pas encore si Phytéas débarqua lui-même, mais il écrivit que le lieu ne comportait ni terre, ni mer, ni air, mais un mélange des trois, dont la texture rappelait celle d’une méduse.

Au fil des siècles, les géographes ont associé Thulé à plusieurs possibles îles nordiques :  l’Islande, le Groenland, la Norvège ou la Nouvelle-Écosse, notamment parce que Pythéas décrivait des marées spectaculaires, ce qui pourrait faire référence à l’énorme amplitude des marées de la baie de Fundy. Aujourd’hui, les historiens ne savent pas réellement si la terre lointaine de Phytéas faisait référence à un lieu réel ou s’il s’agissait de la description de n’importe quel endroit sur notre planète. Quoi qu’il en soit, on parle aujourd’hui « d’Ultima Thulé » pour désigner tout endroit très isolé sur Terre. Le nom Thulé subsiste aussi au Groenland, avec la base aérienne de Thulé située dans les îles Sandwich, ainsi que dans le nom du 69e élément chimique, le thulium, découvert par un chimiste suédois.

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    Carte de l’île Thulé, également appelée île Morrell, est l’une des îles les plus au sud des îles Sandwich du Sud.

    PHOTOGRAPHIE DE Album, British Library, Alamy Stock Photo

    L’ÎLE FANTÔME D’HY-BRASIL EN IRLANDE

    De nombreux marins ambitieux se lançaient à la découverte de l’île enchantée d’Hy-Brasil, qui, selon la mythologie celtique, se cachait dans la brume et n’apparaissait qu’une fois tous les sept ans. Des récits du 15e siècle relataient qu’un certain Thomas Croft équipa deux navires, non pas avec l’intention de commercer mais bien d’explorer et trouver une certaine île du nom d’île du Brasil. John Cabot, explorateur et navigateur italien, visait apparemment Hy-Brasil lorsqu’il se dirigeait vers l’Amérique du Nord en 1498. Il disparut avec ses bateaux et les détails de son voyage restèrent inconnus.

    L’île pouvait bien être située sur des hauts-fonds, à l’ouest de l’Irlande ou peut-être que son apparition occasionnelle était le résultat d’une inversion météorologique, qui peut donner l’impression que des objets distants flottent à l’horizon. Petit à petit, l’île disparut elle-même des récits.

    Illustration datant de 1906 par Jessie Noakes, dépeignant le départ de John et Sebastian Cabot, père et fils, tous deux navigateurs italiens.

    PHOTOGRAPHIE DE The Print Collector, Print collector, Getty Images

    L’ÎLE DES MOINES SAINT-BRENDAN

    Brendan était un moine irlandais, né à la fin du 5e siècle apr. J.-C. Surnommé le Navigateur, il dut sa gloire à un voyage homérique vers les îles des Bienheureux. Le Voyage du saint abbé Brendan datant du 9e siècle décrivait comment ce vieux clerc construisit un currach, le bateau traditionnel irlandais, et prit le large avec d’autres moines. Lors de leur aventure, ils rencontrèrent des piliers de cristal, sûrement des icebergs, et passèrent par des pluies de roches en fusion, sûrement dues à des éruptions volcaniques près de l’Islande. Les falaises et le lieu de débarquement décrit d’un autre lieu visité correspondaient aux côtes de l’archipel de Saint-Kilda dans les Hébrides extérieures de l’Écosse. Brendan arriva finalement sur une île luxuriante, jonchées de fruits et de pierres précieuses, qu’il prit soin de rapporter en Irlande.

    Pendant des siècles, l’île de Saint-Brendan apparut à divers endroits des cartes de l’océan Atlantique. Les partisans du moine affirment que la terre découverte par Saint-Brendan était l’Amérique du Nord, bien avant l’arrivée des premiers Vikings.

    Illustration de 1621 où l’on peut voir Saint-Brendan sur un énorme poisson qui débarque sur l’île.

    PHOTOGRAPHIE DE Fototeca Gilardi, Bridgeman Images

    L’ÎLE DES DÉMONS

    Dans les années 1500, André Thevet, religieux et écrivain français, rapporta que des marins qui se trouvaient près des côtes de Terre-Neuve, étaient passés devant une île effrayante mais invisible. Ils auraient entendu les voix confuses et inarticulées d’hommes et prétendaient qu’elles venaient de démons et de bêtes sauvages.

    L’île des Démons apparut pour la première fois sur les cartes en 1508. Il semblerait que ce soit une légende de marins, peut-être issue d’une noble femme française, Marguerite de la Roque, qui racontait avoir été abandonnée sur l’île en 1542. Elle fut sauvée et ramenée en France des années plus tard. Elle décrivit avoir été tourmentée par des démons la nuit et menacée par des ours « aussi blancs qu’un œuf ». Ces ours polaires présumés étaient « vulnérables face aux armes mortelles ». Elle les élimina facilement avec les fusils que son oncle lui avait laissés.

    Les historiens ne savent pas déterminer si cette île a réellement existé, bien qu’il puisse s’agir de l’île Quirpon, l’île Caribou ou les îles Fichot ou Funk. Pour ce qui est des démons bruyants, il se peut que les volées cacophoniques d’oiseaux de mer qui nichent sur leurs côtes s’y soient prêtées.

    Marguerite de Roberval abattant deux ours sur l’île des Démons au large de Terre-Neuve.

    PHOTOGRAPHIE DE Classic Image, Alamy Stock Photo

    LA LÉMURIE, LE CONTINENT PERDU

    L’histoire du continent perdu de la Lémurie commença comme une théorie scientifique légitime. À la suite de la publication de L’Origine des espèces de Darwin en 1859 mais avant l’émergence de l’idée de la tectonique des plaques, les chercheurs tentaient de comprendre pourquoi certaines espèces animales, telles que lémuriens de Madagascar, apparaissaient en nombre sur des îles séparées. La théorie appuyait qu’un pont terrestre ait auparavant relié l’Afrique et l’Inde. Philip Sclater, un zoologue anglais nomma cette terre hypothétique la Lémurie et des scientifiques aussi éminents qu’Alfred Russel Wallace approuvèrent cette idée.

    Le continent perdu, antérieur aux civilisations d’Atlantide, était appelé Lémurie. Il occupait une grande partie de l’océan Indien. Il est supposé que les Seychelles, ici photographiées, font partie des quelques vestiges de cette terre aujourd’hui engloutie.

    PHOTOGRAPHIE DE Charles Walker Collection, Alamy Stock Photo

    À la fin du 19e siècle, la cofondatrice de la société théosophique, Helena Blavatsky, détourna ce concept pour en faire son propre récit mystique et spirituel. Selon elle, des visiteurs aliens lui avaient révélé que la Lémurie aurait été le berceau de l’une des « races originelles » de l’humanité, hautes de deux mètres, qui pondaient des œufs, hermaphrodites et dotées de pouvoirs psychiques. Située dans le Pacifique Sud, la Lémurie sombra sous les vagues mais ses habitants fuirent vers l’Asie centrale. D’autres auteurs reprirent ce concept, certains affirmant que les habitants de la Lémurie étaient les ancêtres de ceux de l’Atlantide.

    La géologie permet aujourd’hui d’expliquer les lieux divers dans lesquels sont retrouvés les primates. Toutefois, l’image de la Lémurie continue de prospérer dans les bandes dessinées, les films et les jeux vidéos.

    Des parties de cet article ont déjà paru dans Mysteries of History (Mystères de l’Histoire). Copyright ©2018 National Geographic Partners, LLC. Pour en savoir plus, consultez Mysteries of History.

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