2020, une année où il a fallu garder espoir
En pleine tragédie, nous apprenons à vivre, à penser et à guérir autrement

Date cruciale pour les astronautes. Centre Spatial Kennedy, Floride, États-Unis. Le Crew Dragon de SpaceX décolle pour la Station spatiale internationale (ISS). Il inaugure une nouvelle ère de vols spatiaux : « Une plus grande partie de l’espace sera disponible pour plus de gens », selon Jim Bridenstine, administrateur de la Nasa. À bord, Robert Behnken et Douglas Hurley sont les premiers astronautes à s’élancer du sol des États-Unis depuis 2011, mais aussi à participer à une mission de SpaceX, dans le cadre d’un nouveau programme spatial à but commercial. « Nous avions hâte de faire partie d’une mission d’essai, a confié Behnken. Nous rêvions que ça devienne possible. »
Une sortie dans l'espace historique. Station spatiale internationale (ISS). Après sept semaines passées à bord de l’ISS, Robert Behnken (sur la gauche) et Chris Cassidy sont sortis de la station. Leur objectif : installer une boîte à outils sur un robot de l’Agence spatiale canadienne et effectuer diverses tâches d’entretien. Une sortie qui a duré cinq heures et demie. Il s’agissait de la dixième pour Cassidy et Behnken, et de la trois centième pour des astronautes américains. Douglas Hurley, le partenaire de Behnken dans la capsule Crew Dragon, les a pris en photo depuis l’intérieur de l’ISS. Douze jours plus tard, Behnken et Hurley ont achevé leur mission par un amerrissage dans le golfe du Mexique.
Le barrage disparaît, la rivière renaît. Westbrook, Maine, États-Unis. Les gaspareaux, des cousins du hareng longs d’environ 25 cm, viennent frayer dans le lac Highland, près de Portland (Maine). Le gaspareau est un poisson anadrome – il vit dans l’océan, mais migre vers l’eau douce pour se reproduire. Or, pendant plus de 250 ans, un barrage sur le fleuve Presumpscot a bloqué la voie aux gaspareaux et autres poissons migrateurs. Le barrage a été retiré en 2002. Pour restaurer le cycle migratoire dans le système fluvial, des biologistes ont rempoissonné le lac Highland avec des gaspareaux. Du lac à la rivière, de la rivière au fleuve, du fleuve à l’océan, et retour, ces poissons ont repris leurs migrations. Leur nombre augmente tous les ans. On en compte aujourd’hui plus de 60 000. Un renouveau qui profite à d’autres créatures (phoques et baleines, aigles et balbuzards pêcheurs, visons et moufettes en sont friands), mais aussi au public, qui, au printemps, se presse sur les sentiers de la Mill Brook Preserve longeant la rivière.
La lutte pour la vie. Sur les berges de la Mara, Kenya. Chaque année, plus de 1 million de gnous migrent vers le nord à travers le Serengeti – l’un des plus beaux spectacles qu’offre la vie sauvage. Ce fut aussi le cas en 2020. Les hordes ont suivi les pluies saisonnières, depuis le nord de la Tanzanie jusqu’à la rivière Mara, en pays masai, au Kenya. Un soir d’été, au soleil couchant, des gnous se sont réunis par milliers le long des rives de la Mara et les ont dévalées. Dans l’eau, des crocodiles étaient à l’affût, ainsi que des hyènes, sur la berge opposée. Mais c’est là que se trouvait l’herbe fraîche et verte, et les gnous ont poursuivi leur route, comme toujours.
Protéger une merveille de la nature. Empire, Michigan, États-Unis. Au coucher du soleil, des nuages d’orage déversent un rideau de pluie, près de Sleeping Bear Dunes National Lakeshore (parc lacustre national), sur la rive nord-est du lac Michigan. Plus au sud, Chicago s’est lancée dans l’un des plus vastes projets de génie civil du monde : un système géant de tunnels et de réservoirs pour empêcher que des eaux usées non traitées se déversent dans le lac. Les cinq Grands Lacs américains (Supérieur, Michigan, Huron, Érié et Ontario) abritent plus d’un cinquième de toute l’eau douce de surface de la Terre, et l’homme colonise leurs rivages depuis des millénaires.
L’aube d'une nouvelle vie. New-York, États-Unis. À New York, au plus fort de la pandémie, Kimberly Bonsignore a appris que l’hôpital où elle devait accoucher n’autorisait pas les visites de la famille. Elle a donc choisi d’avoir son bébé à la maison, aux côtés de son mari et de son dernier-né, avec l’aide d’une sage-femme, Cara Muhlhahn, et d’une doula, Angelique Clarke. Celle-ci a aménagé un bassin d’accouchement dans le salon familial et a envoyé un SMS à la sage-femme lorsque la mère a perdu les eaux. Suzette est née en moins de deux heures. Au départ, le bébé ne réagissait pas. Muhlhahn lui a alors pratiqué une réanimation cardio-pulmonaire, et il a émis un gémissement.
Le confinement, occasion de se rapprocher. Kuala Lumpur, Malaisie. Le photographe Ian Teh passe une grande partie de sa vie professionnelle en déplacement. Avec la pandémie, il a pu rester chez lui, à Kuala Lumpur, avec sa femme, Chloe Lim. « Ma conjointe et moi avons la chance que nos deux familles soient en bonne santé, dit-il. La pandémie nous a permis de nous connecter avec nos proches, de façon virtuelle. » Un jour, Teh a réalisé un autoportrait : « Nous nous tenons à notre endroit favori dans notre appartement, nous regardons les maisons voisines et la verdure. C’est paisible. »
Du temps ensemble. Santiago, Chili. Un autoportrait montre Tamara Merino avec son fils, Ikal, pendant leur première semaine de quarantaine. « Ce fut une joie inattendue de passer 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, avec mon bébé. Cela n’a pas de prix », explique-t-elle. Sa mère est également avec elle : « Aujourd’hui, nous partageons des expériences que nous n’aurions jamais vécues ensemble sans le confinement.»
Savoir profiter de la nature. Johannesburg, Afrique du Sud. Dans un township de Johannesburg, des fleurs égaient une clôture en barbelé. Là-bas, les gens n’ont pas souvent de jardins, mais ils trouvent de la beauté dans des lieux inattendus, relève Lindokuhle Sobekwa : « Dans mon enfance, il y avait toujours des fleurs près d’une décharge, où nous avions l’habitude de les cueillir. »
La poésie comme viatique. Paris, France. La tour Eiffel éclaire le parvis des Droits de l’homme (ou esplanade du Trocadéro), où un psychiatre lit des poèmes afin de réconforter les passants, durant l’épidémie de Covid-19. Cette image a été réalisée un peu plus de six mois avant le décès du photographe, Bruno Barbey, le 9 novembre 2020. Ses clichés les plus emblématiques décrivent les luttes et les aspirations humaines – guerres civiles, manifestations, affrontements… La pandémie de 2020, dure et effrayante, en a révélé de nouvelles formes.
Étreinte protégée. Wantagh, État de New York, États-Unis. Après plus de deux mois de distanciation sociale, Mary Grace Sileo (à gauche), sa fille Michelle Grant et d’autres membres de la famille ont trouvé un moyen d’avoir un contact physique avec leurs proches en toute sécurité. Ils ont accroché une bâche en plastique à une corde à linge tendue dans la cour de Sileo. Ainsi ont-ils pu s’enlacer, chacun d’un côté de la bâche.
Verres de sécurité. Paris, France. Dans une ruelle, derrière leur immeuble de la rue du Faubourg- Saint-Martin, des voisins boivent un verre de vin lors du confinement. Les restrictions liées à l’épidémie de Covid-19 font naître un besoin impérieux de contacts humains. Sur ce cliché, un architecte (à gauche), une ophtalmologiste et une professeure de conservatoire gardent leurs distances et utilisent leurs mains comme des masques à l’heure de partager un moment convivial.
