Cinq choses à savoir avant de choisir un complément alimentaire
Collagène. Probiotiques. Vitamines en tout genre. Ces produits ont envahi nos pharmacies, mais quels sont leurs effets sur la santé ?
Bien que l’industrie des compléments alimentaires s’élève désormais à plusieurs milliards de dollars, ces substituts peuvent s’avérer inefficaces, voire nocifs pour certains.
Et si à l’aide d’une seule pilule, vous aviez soudainement plus d’énergie, une plus belle peau et un cœur en meilleure santé ? C’est la promesse qui m’est faite chaque fois que je passe devant l’allée des compléments alimentaires remplie de capsules d’huile de poisson, de pots de collagène en poudre, de gommes de magnésium à mâcher et de vitamines en tout genre de ma pharmacie de quartier.
C’est tentant. Rien d’étonnant donc à ce que les compléments alimentaires représentent une industrie mondiale de 185 milliards d'euros d’ici à 2025.
Pourtant, je me suis toujours demandé quelle pouvait être l’efficacité de ces compléments et si les acheter en valait la peine. Voici quelques-uns des enseignements tirés de nos précédents articles sur les compléments alimentaires. Et j’insiste : demandez toujours l’avis de votre médecin avant de prendre des décisions en matière de santé.
1) LES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES NE SONT PAS STRICTEMENT RÈGLEMENTÉS
Presque tous les articles que nous avons publiés sur les compléments alimentaires insistent sur un point essentiel : l’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) ne réglemente pas les compléments alimentaires de la même manière que les aliments et les médicaments, ce qui signifie que les entreprises n’ont pas besoin de soumettre leurs produits à l’approbation de la FDA avant de les commercialiser. Idem en France où, bien que les compléments alimentaires fassent l’objet d’une déclaration auprès de la Direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et de contrôles, notamment de conformité, aucune autorisation n’est requise pour commercialiser ces suppléments nutritionnels.
De ce fait, certaines étiquettes peuvent s’avérer mensongères. Jen Messer, diététicienne agréée et présidente élue de l’Académie de nutrition et de diététique du New Hampshire, a orienté notre journaliste Daryl Austin vers une analyse portant sur 57 compléments alimentaires. Il en ressortait que 84 % de ces compléments ne contenaient pas la quantité d’ingrédients annoncée, que 40 % ne contenaient aucun des ingrédients annoncés et que 12 % « contenaient des ingrédients non déclarés, ce qui est interdit par la FDA », avait expliqué Messer dans notre article de novembre 2023.
Cela signifie également que les entreprises n’ont pas besoin de fournir à la FDA des preuves des prétendus effets de leurs produits. « C’est le Far West à l’heure actuelle », avait déclaré David Hibbett, professeur de biologie à l’université Clark, dans notre article de janvier 2024 sur le marché en plein essor des compléments alimentaires à base de champignons, comme le chaga et l’hydne hérisson. « Les preuves sont encore très, très limitées et, à mon avis, ne justifient pas l’importante commercialisation de ces produits en tant que suppléments nutritionnels. »
2) ILS NE CONVIENNENT PAS À TOUT LE MONDE
J’ai grandi en pensant que prendre une multivitamine par jour était le geste sain par excellence. Pourtant, ce n’est pas le cas pour tout le monde, comme nous l’avons documenté en juin 2023. Demandez toujours l’avis d’un médecin avant de commencer une cure de multivitamines, et cela pour plusieurs raisons.
D’une part, les multivitamines peuvent interférer avec certains médicaments comme les antibiotiques ou les anticoagulants. D’autre part, les personnes souffrant d’une maladie du foie ou des reins peuvent ne pas être en mesure d’éliminer efficacement les niveaux élevés de nutriments contenus dans une multivitamine. Enfin, comme pour tout, il est possible d’abuser des bonnes choses. (Nous reviendrons sur ce point dans un instant).
Dans l’ensemble, votre décision doit dépendre de vos besoins individuels.
3) L’ORGANISME NE DÉCOMPOSE PAS TOUTES LES VITAMINES DE LA MÊME MANIÈRE
Attention cependant à prendre en compte d’autres éléments que votre état de santé, comme le fait que certaines vitamines soient absorbées différemment par l’organisme. Cela devrait grandement influer sur votre décision.
Dans un article publié en novembre 2023, des experts insistaient sur le fait d’être particulièrement prudent avec les vitamines A et E, du fait de leur caractère liposoluble. En d’autres termes, l’organisme stocke ces nutriments dans le foie et les tissus adipeux en vue d’une utilisation ultérieure, au lieu de les décomposer et de les métaboliser rapidement, comme c’est le cas pour d’autres types de vitamines. Consommer de fortes doses de l’une ou l’autre de ces vitamines peut en réalité s'avérer nocif.
4) IL EXISTE UN RISQUE DE SURCONSOMMATION
Comme je l’ai déjà mentionné, les vitamines peuvent être toxiques : au-delà d’une certaine quantité consommée, ces nutriments commencent à vous desservir.
Prenons l’exemple de la vitamine A : dépasser la limite supérieure d’apport journalier de 3000 microgrammes peut entraîner des douleurs articulaires, des lésions hépatiques et des malformations congénitales. Des doses élevées de vitamine E peuvent quant à elles interférer avec la coagulation du sang et provoquer des hémorragies, et autres. Enfin, un excès de vitamine D peut être responsable de nausées, d’une faiblesse musculaire, d’un sentiment de confusion, de vomissements et de déshydratation.
5) LE MEILLEUR MOYEN D’OBTENIR DES NUTRIMENTS EST D’AVOIR UNE BONNE ALIMENTATION
De nombreux nutriments tels que le collagène et la vitamine C sont déjà présents en abondance dans les aliments qui composent un régime alimentaire classique ; et comme nous l’avait expliqué Gail Cresci, nutritionniste à la Cleveland Clinic, en mars 2023, manger des aliments entiers et non transformés, tels que des légumes et des fruits riches en fibres, est souvent un moyen plus efficace d’obtenir les vitamines, minéraux et probiotiques dont le corps a besoin. « Un complément probiotique ou prébiotique ne corrigera en aucun cas une mauvaise alimentation. »
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.