"La voie de l'eau" dans la vraie vie : bienvenue sur l'île de Rarotonga

La plus grande des îles Cook, qui nous plonge dans une culture maritime traditionnelle, ressemble à s'y méprendre au monde fictif du deuxième opus de la saga Avatar.

De Carrie Miller, Chris Taylor
Publication 23 déc. 2022, 16:02 CET
L’île polynésienne de Rarotonga est bordée par un récif de corail regorgeant de vie qui en ...

L’île polynésienne de Rarotonga est bordée par un récif de corail regorgeant de vie qui en fait l’un des meilleurs sites de plongée au monde.

PHOTOGRAPHIE DE Stas Kulesh, Getty Images

Plonger dans l’océan revient à s’aventurer sur une autre planète. Il n’est donc pas surprenant que le réalisateur James Cameron, plongeur averti et explorateur membre de la National Geographic Society, ait utilisé l’océan comme toile de fond de son nouveau film d’aventure et de science-fiction, Avatar : La voie de l'eau.

« Je me suis senti proche de l’océan toute ma vie », a-t-il expliqué dans une interview exclusive accordée à National Geographic, ajoutant que le cadre du film était « une véritable façon de célébrer nos récifs ».

Cameron a travaillé en étroite collaboration avec le département artistique du long-métrage. Ensemble, ils se sont inspirés des cultures polynésiennes pour créer le clan marin mis en scène dans le film, sorti ce 14 décembre dans les salles françaises. À défaut de se rendre sur Pandora, les voyageurs peuvent découvrir une vie marine tout aussi exceptionnelle dans le monde réel. Pour cela, direction l’île polynésienne de Rarotonga, la plus grande des quinze îles qui composent l’archipel des îles Cook dans le Pacifique Sud.

Jessica Cramps, exploratrice National Geographic et biologiste marine, plonge en apnée au milieu de surmulets à nageoires jaunes dans le lagon de Rarotonga. L'île est à l'origine de la création de Sharks Pacific, un projet de conservation qu'elle a fondé pour protéger les requins et les personnes et environnements dont ils dépendent.

PHOTOGRAPHIE DE Andy Mann, Nat Geo Image Collection

Tout comme les personnages de la suite d’Avatar, les Cookiens constituent par tradition un peuple de voyageurs ayant entrepris d’ambitieuses traversées de l’océan, des siècles avant d’autres peuples. « Les Vikings auraient dû s’appeler les Polynésiens du Nord ; nos ancêtres étaient aussi doués qu’eux », nous a confié avec fierté un habitant des îles Cook.

Au 5e siècle, ce peuple insulaire a pris le large à bord de vingt immenses vaka (des pirogues de voyage) et emprunté un passage à travers le récif qui borde la côte est de Rarotonga, à la recherche de nouvelles terres et d'une nouvelle vie. Dix bateaux ont disparu à jamais. L’un d’entre eux est parvenu à atteindre l’île de Pâques, un autre les îles de la Société, un troisième a fait demi-tour, et sept autres ont lâché l’ancre en Nouvelle-Zélande, où l’on pense qu’ils ont instauré les bases de la culture maorie.

Sur cette photo prise en 1930, des Cookiens dirigent un vaka dans les eaux claires de Rarotonga.

PHOTOGRAPHIE DE Bettmann Archive, Getty Images

Aujourd’hui, l’oasis bleutée qu’est Rarotonga propose à ses visiteurs certains des sites de plongée les plus limpides au monde. L’île fait toutefois face à des difficultés, son parc marin, le Marea Moana, étant menacé par de potentielles exploitations minières sous-marines.

Sur la terre ferme, les Cookiens profitent de la vie en toute simplicité. Grâce à la route d’une trentaine de kilomètres qui encercle l’île, il est presque impossible de s’y perdre (les bus indiquent simplement les directions « sens horaire » et « sens antihoraire »). Des randonnées extraordinaires et des sites culturels révélateurs complètent la myriade d’expériences proposées sur cette île animée.

 

DES PLONGÉES EXTRAORDINAIRES

Les plongées à Rarotonga sont spectaculaires, les paysages sous-marins semblant tout droit sortis d’un conte des frères Grimm, avec leurs forêts enchantées de formations coralliennes géantes en forme de champignon, à la fois inquiétantes et fascinantes. Notez qu’il vous faudra sûrement partir en bateau pour explorer le récif qui borde l’île.

Nga Tipa est l’une de ces forêts légendaires : un labyrinthe d’allées sinueuses de porites, des coraux durs aux airs de champignons bourgeonnants. C’est un site de plongée accessible de 15 mètres de profondeur et qui regorge de vie marine, les poissons-anges peau-de-citron, les poissons-anges flammes ainsi que les gobies de feu et les requins-corail cherchant refuge sous ses surplombs de corail.

Le site de Coral Gardens lui ressemble beaucoup, à la différence qu’il présente des bommies de corail situés aux abords de tranchées sablonneuses, espaces très appréciés des requins-corail où nous avons également aperçu une imposante murène à points jaunes.

Au total, plus de trente sites de plongée couronnent Rarotonga, chaque côté de l’île ayant ses propres spécificités, des denses couvertures de coraux aux lagons peu profonds, en passant par de surprenants tombants. Le récif descend jusqu’à 30 mètres avant de plonger dans l’océan et ses tombants offrent l’opportunité de repérer des espèces de poisson difficilement observables tels que le poisson-ange de Pitcairn ou le poisson-ange de Boyle.

Des passages comme ceux de Tupapa et de Avana traversent le récif. Ces coulées de sable sont fréquentées par les tortues de mer, les requins, de nombreuses espèces de poissons papillons ainsi que par des escadrons de raies aigles.

Les conditions clémentes de l’île, avec son eau claire et chaude, font de Rarotonga un lieu adapté aux plongeurs néophytes, et permettent aux amateurs de photographie sous-marine de tirer profit d’une visibilité exceptionnelle et d’une abondante lumière naturelle. La plupart des boutiques de plongée dispensent des cours, mais mieux vaut les réserver à l’avance.

 

UNE TERRE DE TRADITION

Rarotonga est unique en son genre pour une île de sa superficie, car plutôt que de rester cloîtrés dans des stations balnéaires, ses visiteurs font partie intégrante de la vie quotidienne des insulaires.

Le soleil se lève sur la plage de Muri sur l’île de Rarotonga. En plus de profiter d’exceptionnels sites de plongée, les voyageurs peuvent partir en randonnée sur les montagnes verdoyantes de l’île.

PHOTOGRAPHIE DE Didier Marti, Getty Images

Les expériences culturelles sont parfaites pour les voyageurs souhaitant s’imprégner de l’atmosphère de l’île. Le village de Te Vara Nui propose un tour historique de quatre heures qui inclut un buffet dinatoire ainsi qu’un spectacle de danse effectué sur l’eau.

Te Ara - The Cook Islands Museum of Cultural Enterprise, le Musée national des îles Cook, propose des expositions fascinantes sur l’histoire des îles Cook, sur la navigation, le peuplement de l’île et la santé du récif. Il s’agit également d’un incubateur d’entreprise culturel et durable qui permet de soutenir les habitants, qui y vendent des produits qu’ils ont eux-mêmes conçus et fabriqués.

Des Cookiennes exécutent une danse traditionnelle au marché de Punanga Nui, ouvert tous les samedis matin.

PHOTOGRAPHIE DE Frank Heuer, Laif, Redux

Le Cross Island Trek est un sentier de randonnée fastidieux de 6 kilomètres de long, qui fait traverser l’île de part en part en seulement une demi-journée. Elle fait emprunter aux voyageurs un ancien chemin de terre argileuse longé par les troncs onduleux des banians, dont les racines constituent un excellent point d’accroche sur le sol glissant. Le sommet de l’île, situé à 413 mètres d’altitude, offre un panorama à 360° de l’île. Appelé Te Rua Manga, ou the Needle, il constitue un « point d’énergie » pour les Polynésiens. La randonnée prend fin à la cascade de Wigmore, lieu idéal pour se baigner.

Si vous visitez l’île pendant le week-end, pensez à vous rendre au marché culturel de Punanga Nui, le rendez-vous immanquable du samedi matin. Situé en bord de mer près de Avarua, plus grande ville et capitale de Rarotonga, ce marché animé fourmille de touristes à la recherche de souvenirs, d’habitants faisant leurs emplettes, et de vendeurs plus intéressés par le contact humain que par le fait d’augmenter leurs ventes.

 

UNE ÎLE À LA CROISÉE DES CHEMINS

En 2017, les îles Cook ont créé Marae Moana, un parc marin aux multiples activités de 1 900 000 km2, qui couvre la zone économique exclusive du pays. La pêche industrielle (comme celle que pratiquent les palangriers et les chalutiers) est strictement interdite à moins de 92 km de chaque île. Le parc doit cependant faire l’objet d'un zonage plus poussé.

L’exploitation minière en eaux profondes au sein du parc reste un sujet controversé. Les écologistes exigent un moratoire de dix ans afin de recueillir des données essentielles, et de mener suffisamment de recherches pour comprendre les potentielles conséquences environnementales d’une telle exploitation. Les scientifiques sont inquiets devant le peu de données dont nous disposons au sujet de l’océan profond et de son influence sur la biodiversité, sous l’eau comme à la surface, et nous en savons encore moins sur les conséquences de l’exploitation minière.

Pourtant, le gouvernement des îles Cook souhaiterait dès aujourd’hui lancer une exploration minière, affirmant qu’elle permettrait de diversifier les sources de revenus du pays, et de l’aider dans sa transition vers les énergies propres.

Difficile de concilier protection de l’environnement et développement durable. Dans les îles Cook, qui ont une superficie d’environ 240 km2, l'océan est une ressource précieuse pour les populations locales. Son état sera donc déterminant pour l’avenir de ces îles.

La Walt Disney Company est le propriétaire majoritaire de National Geographic Partners. Elle est également propriétaire de la société de production 20th Century Studios, qui distribue Avatar : La voie de l’eau.

Cet article est adapté de l’ouvrage A Diver’s Guide to the World: Remarkable Dive Travel Destinations Above and Beneath the Surface, édité par National Geographic et écrit par Carrie Miller et Chris Taylor. Au travers de récits de voyage et de plongée, leur projet Beneath the Surface Media vise à encourager la conservation de l’environnement. Suivez-les sur Instagram.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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