2021 en images : le changement climatique ne peut plus être ignoré
Gigantesques incendies de forêt, sécheresses, fonte des glaciers, montée des océans et violentes tempêtes. Le signal d’alarme a été tiré il y a des années, mais 2021 a montré que le changement climatique est là et qu’il ne peut plus être ignoré.

En 2021, les pompiers de Californie ont lutté des mois pour contenir l’incendie Dixie, qui a ravagé plus de 400 000 ha et détruit la majeure partie de Greenville, localité d’environ 1 000 habitants. Le nombre et la taille des incendies de forêt dans l’ouest de l’Amérique du Nord ont augmenté ces dernières années, en partie à cause du changement climatique. Celui-ci intensifie les fortes chaleurs et les sécheresses, qui rendent les plantes plus susceptibles de prendre feu. Selon les scientifiques, l’usage de « bons » feux (des brûlages contrôlés de broussailles en forêt), limiterait la présence de « combustible » pour les incendies.
Des nuées de criquets se sont abattues sur l’Afrique de l’Est de 2019 à 2021, détruisant les cultures dans une région où des millions de personnes risquent de mourir de faim. Ces invasions ont été provoquées par des cyclones d’une intensité inhabituelle, qui ont déversé des pluies torrentielles, créant des conditions idéales pour les insectes. Les tempêtes ont été alimentées par des eaux exceptionnellement chaudes au large de l’Afrique de l’Est. Le changement climatique a favorisé un phénomène de type El Niño, qui pousse les eaux chaudes dans l’ouest de l’océan Indien, où naissent les perturbations d’Afrique de l’Est.
En Charente- Maritime, Saintes et ses environs sont sous les eaux après le passage de la tempête Justine. Si la Charente déborde régulièrement de son lit l’hiver, la crue de 2021 est historique. À Saintes, le fleuve a ainsi atteint 6,20 m, son plus haut niveau depuis près de trente ans. La variabilité saisonnière naturelle et l’aménagement des sols, notamment, ont une incidence sur les inondations. Mais celles-ci risquent de prendre de l’ampleur avec l’intensification des épisodes pluvieux induite par le changement climatique. Selon Météo France, les pluies hivernales pourraient augmenter jusqu’à 40 % dans l’Hexagone d’ici à 2100.
Sali et Yosep regardent la télévision tandis que l’eau recouvre le sol de la maison qu’ils louent à Purwosari (Demak), sur la côte nord de Java central, en Indonésie. Les grandes marées inondent régulièrement cette zone urbaine tentaculaire, qui a perdu plus de 30 km2 depuis 2013 à cause de l’affaissement des côtes et de la montée des eaux. Les deux ouvriers en bâtiment ont été choqués par ces inondations quand ils ont déménagé de la province de Java occidental en 2018, mais ils disent s’y être habitués. Une étude de 2019 estime que, d’ici à 2050, des terres occupées aujourd’hui par 23 millions de personnes en Indonésie seront submergées chaque année.
Ces manchots papous de la péninsule Antarctique nichent autour d’une vertèbre de baleine, vestige de l’époque où la chasse à la baleine était courante dans la région. Les températures hivernales ont augmenté de façon impressionnante : 6 °C depuis 1950 – soit plus de cinq fois la moyenne mondiale. La saison des glaces dure trois mois de moins qu’auparavant. La population de manchots à jugulaire et Adélie, qui chassent le krill au large et qui dépendent de la banquise, diminue. Mais les manchots papous, davantage capables de s’adapter, prospèrent sur les plages et dans les eaux sans glace. Leur population mondiale a été multipliée par six depuis les années 1980.
Une partie de la glace de l’Eisriesenwelt, la plus grande grotte de glace du monde (42 km de long), pourrait avoir plus de mille ans. En fondant, au printemps, la neige s’infiltre par des fissures dans le plafond de la grotte ; l’air chaud, lui, remonte et s’échappe à l’extérieur, maintenant la température intérieure en dessous de zéro. Comme les glaciers des Alpes, les grottes de glace fondent à mesure que la planète se réchauffe. Mais cette importante attraction touristique qu’est l’Eisriesenwelt, avec plus de 30 000 t de glace, ne semble pas en danger pour l’instant. Peut-être parce qu’une porte en ferme l’entrée et que l’air chaud s’en évacue par effet de cheminée.
Testé dans une ferme éolienne au Kenya, ce Toyota Land Cruiser a été équipé d’un moteur électrique. Les transports sont à l’origine de près d’un quart des émissions de carbone issues des combustibles fossiles. Mais les véhicules électriques devraient dominer le marché des voitures neuves d’ici à 2040. Reste à utiliser une énergie propre... Au Kenya, les deux tiers de l’électricité proviennent déjà des énergies renouvelables. « En passant à l’électrique, nous protégeons le monde entier », affirme Esther Wairimu, ingénieure chez Opibus, qui a équipé ce 4x4.
Dans le Colorado, les chevaux sauvages piétinent une terre si sèche que la poussière s’élève au moindre de leurs pas. Pour l’Ouest américain, 2021 a été une année exceptionnellement chaude et sèche ; le sud-ouest du pays a vécu un nouvel épisode de la « méga- sécheresse » qui sévit depuis vingt ans, si intense qu’elle surpasse toutes celles des douze derniers siècles. Pour autant, avertit le climatologue Brad Udall, « gardez à l’esprit que ces températures font partie des plus fraîches que vous connaîtrez dans les cent prochaines années. Il va tout simplement faire de plus en plus chaud. Vous n’avez encore rien vu ».
Les pluies de 2021 ont été décevantes en Éthiopie, plongée dans une sécheresse dévastatrice depuis des années. Ces éleveurs de chameaux ont marché douze jours jusqu’à la frontière somalienne pour y chercher, en vain, des pâturages. Une fois rentrés, ils ont trouvé l’eau pour leurs bêtes dans ce puits, à Bulaleh, près de chez eux. À cause de la guerre civile surtout, quelque 13 millions d’Éthiopiens font face à une grave insécurité alimentaire. Mais aussi à cause du changement climatique : l’Afrique de l’Est est de plus en plus frappée par d’intenses sécheresses.
À l’aube, les suricates sortent de leur terrier et font face au soleil levant pour se réchauffer – mais le désert du Kalahari va peut-être devenir trop chaud pour eux. Avec des températures d’été toujours plus élevées, les scientifiques ont constaté que les petits suricates grandissent plus lentement et que les adultes meurent plus rapidement. Une tendance qui pourrait s’aggraver. De plus, l’herbe se raréfie à cause du manque d’eau, il y a moins de fourmis et de termites, et les animaux insectivores, comme les suricates, luttent pour survivre. Tout un délicat équilibre écologique se voit ainsi perturbé.
À une altitude d’environ 5 200 m, dans le sud des Andes péruviennes, Alina Surquislla Gomez tient dans ses bras un jeune alpaga. Alpaquera de troisième génération, elle s’apprête à gagner les hauts pâturages où le troupeau familial de plus de 300 têtes ira paître pendant l’été. Le recul des glaciers et l’augmentation de la sécheresse ont asséché les pâturages dans les Andes, obligeant les gardiens de troupeaux (dont beaucoup de femmes) à en chercher de nouveaux, souvent sur des terrains ardus. Prisés pour leur laine, les alpagas occupent une place importante dans la culture péruvienne et sont une source de revenus majeure dans la région.