Conservation : 2021, une année noire teintée d’espoir
L’année 2021 a livré de belles avancées pour préserver notre patrimoine naturel et culturel. Dans les actions menées en faveur des espèces menacées, des océans et de notre passé se lisent à la fois notre espoir et notre humanité.

Un photographe de Coral Gardeners documente l’évolution d’un récif à Moorea. Cette ONG, fondée en 2017 par Titouan Bernicot, œuvre à la restauration des récifs coralliens en Polynésie française, en bouturant des espèces résistantes au réchauffement des eaux. Les fragments bouturés sont élevés dans des pépinières, puis replantés au fond de la mer. Depuis 2017, plus de 15 700 coraux ont ainsi réintégré leur milieu naturel autour de l’île, grâce à des partenariats avec les communautés locales. L’association a pour ambition de planter 1 million de coraux dans le monde d’ici à 2025.
Des girafes marchent dans le parc national de Chobe, au Botswana, au coucher du soleil. En Afrique, l’habitat de ces herbivores se situe en grande partie en dehors des zones protégées. Or le développement urbain, l’augmentation des surfaces cultivées et les pâturages fragmentent davantage leurs troupeaux. Résultat, le plus grand mammifère terrestre est menacé d’extinction : comptant environ 68 000 adultes, sa population diminue.
Des touristes soudanais escaladent le djebel Barkal, une butte sacrée dominant des pyramides érigées sous le règne des monarques koushites – lesquels ont dominé le paysage politique et culturel du nord-est de l’Afrique entre le VIIIe siècle av. J.-C. et le IVe siècle apr. J.-C. Une nouvelle génération de Soudanais s’est emparée de ce passé et l’a ravivé pour en faire une force fédératrice entre les différentes ethnies du pays, après trente ans de dictature. Mais la dissolution du gouvernement de transition par l’armée, fin octobre, menace la marche du Soudan vers la stabilité.
Suspendus à une trentaine de mètres de hauteur, des techniciens cordistes s’appliquent à sécuriser avec du plâtre des pierres branlantes sur la pile sud de la croisée du transept de la cathédrale Notre- Dame de Paris. Datant de la fin du XIIe siècle, le centre du transept, sur lequel s’est effondrée la flèche, est la partie la plus endommagée du monument. Ses piles, fragilisées par le feu et l’eau, ont également été étayées et cerclées de ceintures métalliques. La sécurisation de l’édifice s’est achevée en septembre. Lors de la restauration de la voûte, le plâtre sera remplacé par des pierres calcaires. Ce chantier permettra aussi d’étudier des pans jusque-là inaccessibles de Notre-Dame.
Le visage juvénile du pharaon Toutankhamon accueille les visiteurs au Musée égyptien du Caire. Ce mannequin grandeur nature servait sans doute à exposer les robes et les bijoux royaux. Il fait partie du trésor constitué de plus de 5 000 objets découvert dans la tombe du jeune pharaon et actuellement préparés en vue de l’ouverture du nouveau Grand Musée égyptien, prévue fin 2022. Dans le laboratoire de conservation du musée, une équipe internationale de spécialistes restaure les nombreux objets qui arrivent régulièrement de toute l’Égypte.
Un crotale à queue noire est enroulé sur lui-même, sur le bas-côté d’une route des monts Davis, dans l’ouest du Texas. Aux États-Unis, les serpents à sonnette ont longtemps été systématiquement tués par peur ou par haine injustifiée. Ce sont pourtant d’importants prédateurs, qui aident à réguler les populations de nombreux rongeurs. Leur venin est aussi étudié pour une possible utilisation médicale – y compris pour les traitements anticancéreux et dans la recherche contre la Covid-19.
Les invités d’un mariage rassemblant les membres de tribus locales loyales au gouvernement du Yémen visitent les ruines du temple d’Awwam, à Marib, pour y prendre des photos. Ce temple est l’un des plus importants monuments encore intacts du royaume de Saba, qui domina l’Arabie méridionale du XIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle apr. J.-C. environ, et que des historiens relient
à la terre biblique de Saba. Les monuments, situés dans la partie du Yémen la plus convoitée, restent menacés tant que les rebelles houthistes, soutenus par l’Iran, poursuivent le combat pour s’emparer de Marib.