La technologie peut-elle nous permettre de vivre plus longtemps ?

Entre impressions 3D, échographies portables et nanorobots, les technologies nouvelles et en développement pourraient bien réussir à prolonger nos meilleures années de vie, mais aussi à retarder notre mort.

De Michael F. Roizen, M.D., Peter Linneman
Publication 23 mars 2023, 10:07 CET
L'utilisation de minuscules robots capables de remonter dans nos artères et de retirer la plaque révolutionnera ...

L'utilisation de minuscules robots capables de remonter dans nos artères et de retirer la plaque révolutionnera un jour la chirurgie cardiaque.

Illustration de PIXOLOGICSTUDIO, SCIENCE PHOTO LIBRARY

Les causes des crises cardiaques sont bien connues des scientifiques. La plaque s’accumule dans les parois des artères, rétrécit les voies de passage et perturbe ainsi la circulation sanguine. Au bout d’un certain temps, les artères sont tellement rétrécies que le cœur ne reçoit plus suffisamment de sang. L’oxygène est alors coupé, ce qui entraîne une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral.

Nous disposons d’un certain nombre de méthodes pour traiter les crises cardiaques, qui consistent à dégager ou réorienter les artères au moyen de stents ou de dérivations. Mais ces méthodes sont accompagnées de leurs propres difficultés : la pose d’un cathéter, une chirurgie à cœur ouvert, une rééducation intensive, un système circulatoire compromis.

De nouvelles technologies révolutionnaires, telles que des nanorobots conçus pour éliminer les plaques dans les artères, sont en plein développement et pourraient nous aider à vivre plus longtemps et en meilleure santé.

Comprendre : le cœur

 

RÉGÉNÉRATION DE TISSUS ET D’ORGANES

Un professeur de Harvard travaille sur une méthode qui permettrait au ligament croisé antérieur (LCA) situé dans le genou de guérir tout seul, plutôt que d’avoir à être remplacé par un tendon provenant d’une autre personne, d’un animal, ou d’une autre partie du corps.

Cette méthode consiste à insérer entre les deux parties déchirées une éponge remplie du sang du patient, de facteurs de croissance et de cellules souches réactivées. Les composants de cette éponge, que l’on peut comparer à un pont, se développent et permettent de relier la déchirure, évitant ainsi une réparation intrusive qui nécessiterait l’utilisation d’autres tissus mous.

Cette intervention ne permet pas seulement d’améliorer les performances sportives ; la procédure pourrait également contribuer à réduire le risque d’arthrite qui suit bien souvent les réparations du LCA effectuées avec les méthodes actuelles.

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    Ce genou a subi plusieurs reconstructions du ligament croisé antérieur (LCA). Des vis chirurgicales permettent de maintenir le greffon. Un jour, nous pourrons peut-être utiliser les ingrédients déjà disponibles dans notre corps pour faire pousser de nouveaux ligaments sans avoir recours à un implant.

    PHOTOGRAPHIE DE Petershort, Getty Images

     

    LES ORGANES ARTIFICIELS

    L’une des références en matière de longévité pourrait bien être à portée de main : le cœur génétiquement régénéré, ou le cœur artificiel. Les chercheurs de la Cleveland Clinic estiment que s’ils disposaient d’un budget illimité, ils pourraient réussir à créer un cœur artificiel et à l’insérer dans un corps humain dans les trois prochaines années.

    Ces progrès ont déjà commencé, notamment au travers de travaux sur l’impression d’organes en 3D, qui permet de produire des mécanismes et des matériaux capables de fonctionner comme des tissus naturels (certaines reproductions de tissus pulmonaires sont susceptibles de contracter le COVID-19 comme de vrais poumons, et pourraient donc être utilisées pour étudier des traitements et de potentiels antiviraux). Une société australienne a récemment mis au point un dispositif robotique visant à imprimer les cellules de la peau, ce qui pourrait permettre de réparer les lésions cutanées dues à des blessures ou à des brûlures.

    Imaginez un code informatique de chacune des parties de votre corps qui pourrait être stocké en ligne. Ces informations pourraient être utilisées pour imprimer en 3D des versions pour remplacer les parties malades du corps. Pour les patients atteints d’un cancer des os, il suffirait par exemple de couper la partie endommagée et de remplacer l’os en question par une version imprimée qui aurait la même forme, la même taille et la même résistance, mais aussi les mêmes liaisons avec les ligaments, les articulations et les autres os. Cette méthode révolutionnaire pourrait être possible d’ici dix ans.

    La science et la technologie révolutionneront notre capacité à vivre mieux, plus longtemps, et plus jeune, selon The Great Age Reboot, dont cet article est adapté. Cet ouvrage a été publié par National Geographic Partners, LLC, le 13 septembre 2022. Copyright ©2022 Michael F. Roizen. Tous droits réservés.

    PHOTOGRAPHIE DE National Geographic

    MANIPULER LES PROTÉINES

    Et si l’on pouvait faire repousser un organe ou une partie du corps, ou manipuler le fonctionnement normal de l’organisme ? En Corée, des chercheurs testent des médicaments antivieillissement qui modifient l’activité des protéines dans les cellules de vers ronds ; ils indiquent pour cela à l’organisme de convertir le sucre en énergie lorsque l’énergie cellulaire vient à manquer. Grâce à cette technologie, les vers les plus chanceux ont bénéficié d’un allongement de leur durée de vie.

     

    RÉPARER ET REMPLACER

    Pour comprendre comment les avancées technologiques peuvent favoriser la longévité, il suffit de penser à tous les progrès réalisés dans le domaine des valves cardiaques, qui s’usent avec le temps. Environ 10 % des personnes âgées de 85 à 95 ans devront faire réparer ou remplacer leurs valves, tandis que 25 % des personnes âgées de plus de 65 ans présentent déjà une altération de leur fonctionnement.

    La procédure de remplacement des valves impliquait auparavant une opération à cœur ouvert qui, puisqu’elle nécessitait l’arrêt du cœur et l’utilisation d'une pompe pour faire circuler le sang, comportait de graves risques. Six mois après une opération à cœur ouvert, 17 % des patients présentaient un déclin de leurs fonctions cognitives.

    Dans cette simulation informatique, un nanorobot placé dans un vaisseau sanguin trouve la plaque et l'élimine.

    Illustration de Volodymyr Horbovyy, iStock, Getty Images Plus

    Aujourd’hui, la chirurgie mini-invasive permet de remplacer une valve en l’introduisant dans le cœur par un vaisseau sanguin. Il s’agit toujours d’une opération du cœur, qu’il ne faut donc pas prendre à la légère, mais cette procédure courante permet une convalescence beaucoup plus rapide.

    Si nous vivons vingt à trente ans de plus, nous devrons nécessairement remplacer beaucoup plus de valves. Le fait que cette science du remplacement semble prendre de l’avance sur notre vieillissement est donc une bonne nouvelle.

     

    LES HAUTES TECHNOLOGIES

    L’intelligence artificielle, la réalité virtuelle, les technologies modernes, l’amélioration de la collecte de données et bien d’autres avancées contribueront à transformer notre façon de voir notre santé… et ce que nous pouvons faire. Nous disposons déjà d’applications qui nous permettent de rencontrer des médecins dans des consultations à distance, qui étaient essentielles pendant les confinements liés au COVID-19.

    Mais que se passera-t-il lorsque la technologie de nouvelle génération s’imposera ? Une meilleure collecte des données pourrait permettre d’améliorer le développement des médicaments. Les technologies portables pourraient non seulement identifier nos actions passées, mais aussi prédire notre avenir. L’intelligence artificielle, quant à elle, pourrait prédire l’usure d’une valve avant qu’elle ne nous cause le moindre problème. Enfin, des diagnostics plus accessibles pourraient permettre de retarder l’apparition de problèmes.

    Un chercheur en génétique de Yale a mis au point un appareil à échographie portatif. Bien qu’il n’offre pas la même précision d’un appareil plus coûteux, ce dispositif plus accessible pourrait permettre de faciliter l’échographie lors des consultations de routine. Grâce à ce type d’examen, les médecins pourraient proposer des recommandations plus adaptées aux cas particuliers de leurs patients.

     

    UN MARCHÉ EN PLEINE EXPANSION

    Une croissance explosive devrait bientôt toucher tous les domaines du secteur des technologies. Selon un récent rapport de CNBC, le marché du rallongement de la vie devrait atteindre les 600 milliards de dollars, soit 550 milliards d’euros, en mettant l’accent sur des domaines tels que le big data, l’intelligence artificielle, l’édition génomique, l’ingénierie alimentaire et les médicaments permettant de guérir les maladies.

    Si les coûts initiaux de ces percées visant à « retarder la mort » seront élevés, comme pour les innovations passées, leur coût réel diminuera rapidement au fil du temps. Ce qui relevait de la science-fiction devient d’abord une réalité coûteuse, puis une pratique répandue et plus abordable.

    Ces changements permettront de prolonger notre bonne santé et notre durée de vie, d’améliorer la qualité de vie à partir de l’âge adulte, et très probablement de multiplier (au moins) par deux nos meilleures années de vie. Nous ne disposerons peut-être pas d’une pilule magique pour nous permettre de vivre plus jeunes plus longtemps, mais la combinaison de toutes ces avancées contribuera à notre longévité.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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