L'année de la résilience : 2021 en images
Tout au long de l’année tumultueuse qu’a été 2021, les photographes National Geographic ont capturé des moments de résilience et de fraternité.

Ati Quigua est membre du peuple natif des Arhuacos. Elle réalise ici un rituel visant à protéger une rivière des montagnes de la sierra Nevada de Santa Marta, située dans le département de Cesar, en Colombie. Militante écologiste et femme politique, Ati s’est opposée à l’extraction minière et à des mégaprojets qui menaçaient les ressources naturelles de la sierra Nevada, réserve de biosphère de l’UNESCO. Selon Global Witness, une ONG de défense des droits humains, la Colombie est le pays le plus dangereux au monde pour les militants écologistes. Nombre d’entre eux sont menacés de mort, et 160 militants ont été tués jusqu’à présent cette année. Cela n’empêche pas les hommes et les femmes comme Ati de poursuivre leur travail pour la protection des terres, et des ressources et habitants qu’elles abritent.
Âgé de quatre ans, Steven Portillo prend une douche devant sa maison située à Caña Brava, une section rurale de la municipalité de Santo Tómas, au Salvador, où les habitations ne disposent pas de plomberie intérieure. Ces dernières années, des femmes de la municipalité se sont regroupées pour former une drôle d’équipe de défenseuses de l’eau, s’organisant pour lutter contre la pénurie d’eau qui touche le Salvador. Mères d'une quarantaine ou d'une cinquantaine d'années pour la plupart, elles n’ont pas peur de confronter les responsables politiques, de brandir des pancartes ou encore de coordonner des campagnes par téléphone et sur les réseaux sociaux.
Sur la place George Floyd de Minneapolis, dans le Minnesota, des citoyens explosent de joie après la condamnation de l’ancien policier Derek Chauvin. Le verdict a été rendu près d’un an après la mort de George Floyd, le 25 mai 2020, qui avait déclenché des protestations contre les violences policières dans le monde entier. George Floyd est devenu le symbole d’un mouvement visant à mettre fin aux abus commis par les forces de l’ordre et le pouvoir établi ; il s’est amplifié pour réclamer la considération de la question raciale, notamment par le déboulonnage de statues confédérées et d’autres vestiges du passé colonial.
DD Lee a quitté la Chine pour les États-Unis à l’âge de 12 ans. Elle est ici photographiée avec sa fille, Isabelle, à leur domicile de Woodstock, en Géorgie. DD a été l’un des premiers habitants d’Atlanta à partager une histoire autour de leur nom et la manière dont il représentait une question fondamentale : comment trouver le juste milieu entre intégration et transmission de la culture familiale ? DD, dont le prénom correspond aux initiales de son nom chinois (Dan Dan), apprend à Isabelle à être fière de ses origines.
Les membres d’une garde de couleur exclusivement composée de femmes soldats rendent hommage à six des neuf enfants lakotas de la réserve de Rosebud, enterrés au cimetière des anciens combattants de Rosebud. En juillet 2021, après six années de négociations, l’armée américaine a transféré les corps des enfants de la caserne de Carlisle, en Pennsylvanie, à la tribu de Rosebud. 150 enfants sont encore enterrés à Carlisle, où plus de 10 000 jeunes autochtones ont été envoyés dans le cadre d’un programme d’intégration forcée des Amérindiens au moyen d’un réseau d’internats publics.
Des chrétiens irakiens prient dans le monastère Al Saleeb, situé dans la banlieue de Qaraqosh, en Irak. Malgré la pandémie et les questions de sécurité, la première visite du Pape dans le pays en mars 2021 a donné espoir aux membres, de moins en moins nombreux, de la communauté chrétienne irakienne. Nombreux sont ceux qui ont salué cette visite historique dans un pays marqué par des années de conflit.
Pour symboliser les vies américaines perdues pendant la pandémie de COVID-19, l’artiste Suzanne Brennan Firstenberg a créé cette installation commémorative tentaculaire, composée de plus de 670 000 drapeaux blancs plantés autour du Washington Monument. Chaque jour, du 17 septembre au 3 octobre, des drapeaux supplémentaires étaient ajoutés pour refléter le nombre de décès enregistrés la veille. Les visiteurs pouvaient se recueillir ou encore demander un marqueur pour laisser un hommage à leurs proches disparus.
Un torrent de scooters en provenance de Sanchong, dans la banlieue de Taipei, qui déferle depuis un pont dans la capitale de Taïwan à l’heure de pointe. Le variant Alpha du SARS-CoV-2 a provoqué une vague de cas de mai à juillet, suscitant la peur chez de nombreux habitants. Taïwan est néanmoins parvenu à juguler le nombre de nouveaux cas, notamment grâce à des mesures de quarantaine strictes et à une traçabilité rigoureuse des contacts.
Une résidente couvre son visage avec un masque dans la partie commune de l’unité réservée aux personnes souffrant de troubles cognitifs du centre de rééducation et de soins de santé d’Albuquerque, au Nouveau-Mexique (États-Unis). Cinquante-cinq résidents ont contracté la COVID-19, malgré des mesures de quarantaine strictes, et huit d’entre eux sont décédés. La plupart des pensionnaires souffrent encore des mesures de confinement, qui ont limité l’accès aux rituels habituels.
Espacé dans la salle, le public masqué assiste à une revue de sopranos de l’opéra de Tel-Aviv. À la mi-mars, Israël avait vacciné plus de la moitié de sa population ; une première mondiale qui a permis de réduire nettement le nombre de cas. Le pays a également mis en place un système de pass sanitaire pour les Israéliens complètement vaccinés ou ayant contracté la COVID-19. De fin avril à fin juin, le pays a compté en moyenne moins de 100 nouveaux cas de coronavirus par jour, jusqu’à ce que l’arrivée du variant Delta, plus contagieux, provoque une troisième vague.
Sinfonía Desordenada (en français, « Symphonie désordonnée ») est le résultat d’une collaboration entre 75 musiciens vénézuéliens, qui ont réalisé un album pendant le confinement. Ils ont enregistré huit arrangements symphoniques depuis chez eux pendant l’année, avant de se réunir pour jouer un concert en personne à Caracas, la capitale, le 11 novembre dernier.
Deux étudiantes, coiffées d’une toque académique et vêtues d’une toge, se prennent dans les bras lors de la remise des diplômes de l’université Howard à Washington, le 8 mai dernier. Cette cérémonie a été l’une des nombreuses à se tenir après leur suspension par les universités américaines en 2020 en raison de la pandémie. Certains établissements ont même invité, un peu en retard, les étudiants de la promotion 2020 à venir récupérer leur diplôme.
Marco Antonio Fernandes Emediato (à gauche) ajuste le nœud papillon de son compagnon, Alexander Stefano Moreira Morais, à Noiva do Cordiero, au Brésil. Dans un pays qui présente l’un des taux les plus inquiétants au monde de violences contre les personnes LGBTQ+, cette communauté est un refuge. « Je sais qu’être homosexuel n’est pas simple… Mais ici, l’homosexualité est naturelle, car on ne manque de rien là où il y a de l’amour », confie Marco.
Thomas Benedix est la moitié du duo de DJ Pan-Pot. En temps normal, Pan-Pot joue dans des festivals pour 20 000 fans. Alors, lorsqu’il a été interdit de danser dans les boîtes de nuit à Berlin, Benedix s’est produit en direct et en ligne pour ses fans depuis son salon, tandis que son épouse, Merelinde, et leurs deux enfants l’accompagnaient en dansant. Berlin est connue pour sa vie nocturne, mais pendant la pandémie, le gouvernement a imposé des mesures strictes au secteur. En septembre 2021, l’interdiction de danser a été brièvement levée ; elle a été réintroduite en décembre, en raison des inquiétudes qui entourent le variant Omicron.
Célébrée dans toute l’Amérique latine et dans de nombreuses communautés aux États-Unis, la quinceañera symbolise le moment où une jeune fille devient une femme, à l’âge de 15 ans. Sur cette photographie, Aaliyah fête sa quinceañera dans un champ avec ses amis et sa famille à Lamont, en Californie, où la plupart des invités travaillent et récoltent du raisin de table et des melons.
Crystal Del Toro participe à une épreuve de reining, ou « punta », lors de la présentation d’ouverture d’une charreada mexicaine à Snelling, en Californie. La cavalière tire sur les rênes pour faire glisser sa monture sur ses postérieurs, un mouvement semblable à celui dont usaient les combattantes féminines lors de la révolution mexicaine pour distraire l’ennemi. Crystal fait partie de l’équipe Flor de Gardenia, composée de cavalières appelées « escaramuzas », qui participent aux rodéos mexicains. Les équipes doivent réaliser une chorégraphie synchronisée complexe à dos de cheval tout en montant en amazone vêtues de tenues qui rappellent celles que portaient les femmes pendant la révolution mexicaine.
À Foley, dans l'Alabama (États-Unis), des fidèles de l’église catholique de Sainte Marguerite d’Écosse assistent, à la lueur des bougies, à la Vigile pascale (la nuit précédant le dimanche de Pâques). L’office a été célébré par le révérend Paul Zohgby en anglais et en espagnol. En raison de la population grandissante d’immigrés latinos au sein de sa communauté, ce dernier a décidé d’apprendre l’espagnol pour pouvoir être le pasteur de chaque fidèle de Foley. « Nous avons besoin d’une église aux gros et grands bras ouverts », confie Paul Zohgby. « Je suis né et j’ai grandi à Mobile, dans l'Alabama. Le message central du Christ est d’accueillir les étrangers. »
Christina Lastra tient le portrait de sa mère, Alicia Lara, à son domicile d’Eureka, en Californie. Alicia a été retrouvée morte dans sa voiture à Weitchpec en 1991 et est l’une des 5 712 femmes indigènes disparues et assassinées aux États-Unis. D’après Christina, cette affaire a été mal gérée et la mort de sa mère a été classée comme accidentelle. Ce n’est que plus tard qu’elle a appris que l’ONG Sovereign Bodies Institute suivait l’affaire. « C’est ce jour-là que ma mère a finalement été considérée et honorée. C’est ce jour-là que nos plaies ont commencé à cicatriser », explique-t-elle.
Qari Mehrabuddin pose en compagnie de deux de ses cinq enfants dans le salon de sa maison située en périphérie de Fayzabad, dans la province afghane de Badakhchan. Il était l’un des sept premiers membres des talibans à arriver à Badakhchan. Qari a quitté l’organisation il y a cinq ans et est désormais le commandant d’une milice. Il use de ses contacts et de son influence dans les territoires contrôlés par les talibans pour obtenir des informations et recruter des membres. L’Afghanistan est à nouveau aux mains des talibans après le retrait des troupes américaines et la chute de l’ancien gouvernement afghan.
La famille Guliyev contemple sa maison en ruines, retournant sur place après s’être réfugiée dans un sanatorium délabré de l’époque soviétique situé dans la banlieue de Bakou. Pour la première fois en près de 30 ans depuis la première guerre du Haut-Karabagh, les familles de déplacés azerbaïdjanais, comme les Guliyev, ont pu rentrer chez elles, mais ont pour la plupart retrouvé leur maison en ruines. Plus de 500 000 Azerbaïdjanais ont perdu leur domicile lorsque l’armée arménienne a pris le contrôle de sept districts azerbaïdjanais dans la région du Haut-Karabagh.
Des visiteurs se réunissent pour assister au lever du soleil à Stonehenge, le matin de l’équinoxe d’automne, le 23 septembre 2021. D’ordinaire, environ 800 personnes se rassemblent au pied de ce célèbre monument néolithique sacré pour l’équinoxe. Cette année, seules 250 personnes ont convergé à Stonehenge pour célébrer l’événement, après que le site a été fermé aux visiteurs en 2020 à cause de la pandémie de COVID-19.
Alors que le jour se lève, des pêcheurs remontent leurs filets sur le lac Naivasha, au Kenya, sous le regard des mouettes et des ombrettes africaines. La pêche s’est développée par accident sur le lac, après qu’un torrent de pluie a inondé une ferme piscicole située en amont sur la rivière Malewa. Le nombre de pêcheurs a beaucoup augmenté pendant la pandémie de COVID-19, alors que déclinaient les exportations d’autres produits kenyans, comme les fleurs.
Les habitants du village de La Palmilla, au Guatemala, espèrent développer une nouvelle source de nourriture grâce aux pieds de bananiers qui leur ont été donnés par les habitants d’un autre village. Dans l’ensemble du pays, la population est confrontée aux pénuries alimentaires et à la malnutrition chronique. Une situation exacerbée par le changement climatique, alors que les agriculteurs qui travaillent déjà dans des zones sèches ne parviennent pas à anticiper les phénomènes météorologiques imprévisibles et extrêmes.
Robert Beauchamp entame son ascension d’un pin ponderosa pour récupérer les graines de ses pommes situées dans le tiers supérieur de l’arbre. Les collecteurs de graines expérimentés comme Robert jouent un rôle essentiel dans la survie de l’essence et favorisent la reproduction de ces arbres de plus en plus vulnérables avec le changement climatique. Les graines, très prisées, se vendent 15 dollars (13 euros) le boisseau. Les États-Unis espèrent planter des milliards d’arbres supplémentaires d’ici les 20 prochaines années. L’objectif est de restaurer des centaines de milliers d’hectares de forêts calcinées et de compenser les émissions de CO2, gaz à effet de serre.
Des touristes soudanais se rendent à Gebel Barkal pour gravir le promontoire rocheux considéré comme sacré depuis des millénaires, en particulier à l’apogée du royaume de Koush. Les temples en ruines, dont l’un était dédié à un dieu vivant au sommet du promontoire, sont disséminés au pied de la montagne. Le légendaire royaume de Koush, avec sa capitale établie dans l’actuel Soudan, a contribué à façonner le paysage politique et culturel du nord-est de l’Afrique pendant plus de mille ans. Par le passé, les archéologues ont pourtant considéré, à tort, que les rois koushites étaient « racialement inférieurs » et que leurs réalisations ne résultaient que de l’héritage des traditions anciennes égyptiennes.
