Punaises de lits, tiques, vers : comment éviter les parasites pendant vos voyages ?

Certains de ces insectes sont simplement répugnants, d'autres présentent de réels dangers pour votre santé. Ces quelques conseils vous aideront à limiter les risques d'infection et de propagation lors de vos prochains voyages.

De Johanna Read
Publication 23 oct. 2023, 16:26 CEST

Les punaises de lit peuvent mordre les voyageurs et ainsi perturber leurs déplacements. Cependant, d'autres insectes représentent une bien plus grande menace pour la santé humaine.

PHOTOGRAPHIE DE Allen Brisson-Smith, The New York Times, Redux

Du fait des nombreux cas d’infestations en France, les punaises de lit font les gros titres depuis quelque temps, pourtant, bien que répugnantes, ces petites bêtes hématophages ne présentent pas de réel danger pour notre santé. En réalité, selon Molly Keck, entomologiste spécialisée dans la lutte contre les parasites au Texas A&M AgriLife, « l’animal le plus mortel au monde est le moustique ».

Les insectes peuvent être porteurs d’agents pathogènes tels que des bactéries, des nématodes, des protozoaires et des virus susceptibles de transmettre aux humains des maladies difficiles à diagnostiquer. Nombre de ces affections, telles que la dengue et la maladie de Lyme, peuvent commencer sous la forme de symptômes vagues comme des maux de tête, de la fatigue ou de la fièvre, et les traces de piqûre ou de morsure ne sont pas toujours apparentes.

Lorsque vous tombez malades en voyage, il est compréhensible de vouloir rentrer immédiatement chez vous pour vous soigner. Cependant, selon William Spangler, médecin urgentiste et directeur médical mondial de la compagnie d’assurance AIG Travel, « il est probablement préférable de se faire soigner sur place, où les professionnels de santé connaissent la maladie endémique et savent comment la traiter. »

Avant de partir en voyage, envisagez de vous rendre dans une clinique de médecine des voyages, qui saura vous recommander des médicaments et vaccins adaptés aux différents risques de votre destination. En attendant, voici quelques conseils pour vous aider à éviter au mieux certains des parasites les plus répandus dans le monde.

 

LES PUNAISES DE LIT

Espèces : Cimex lectularius (punaise de lit commune) et Cimex hemipterus (punaise de lit tropicale).

Où se trouvent-elles ? Meubles, tapis et valises dans le monde entier.

Quelle menace présentent-elles, et comment les éviter ? « Vous pouvez attraper des punaises de lit même sans voyager », révèle Keck. « Vous pouvez les attraper à l’école, dans une salle d’attente ou encore par l’intermédiaire d’un ami qui vient vous rendre visite. »

Bien qu’elles puissent être porteuses de virus, les punaises de lit transmettent rarement des agents pathogènes aux humains. Leurs piqûres sont indolores ; les boutons qui démangent sont en réalité une réaction allergique qui peut apparaître jusqu’à neuf jours après la morsure. « Les morsures ne peuvent être traitées que par des antihistaminiques, et le soulagement sera limité », affirme Spangler.

Bonne nouvelle, cependant : les punaises de lit ne peuvent pas voler. Lorsqu’elles ne vous sucent pas le sang, elles préfèrent donc se cacher dans des endroits sombres comme les plis des matelas.

« Pour éviter de ramener des punaises jusque chez vous, placez vos sacs dans la baignoire de l’hôtel, où elles ne pourront pas grimper », recommande Keck. « Inspectez ensuite le lit en remontant les draps et la housse de matelas, en regardant les zones élastiques et en vérifiant tout autour du lit. » Si vous voyez des punaises de la taille d’un pépin de pomme, de couleur brun rougeâtre, des œufs jaune pâle ou des taches de sang, « demandez une autre chambre qui n’est pas en contact avec celle où vous vous trouvez », c’est-à-dire ni à côté, ni au-dessus, ni au-dessous.

Les punaises de lit préfèrent les bagages en tissu à celles qui sont en plastique ou en métal, et il est plus facile de les repérer sur les couleurs claires si vous les cherchez à l’aide de la lampe de poche de votre téléphone. Si les températures sont basses lorsque vous rentrez chez vous, c’est une bonne chose : stockez votre valise à l’extérieur pendant 80 heures si la température est inférieure à 0 °C, car cela permettra de tuer les parasites. Vous pouvez également laver vos vêtements à l’eau chaude, puis les passer pendant une demi-heure au sèche-linge à haute température.

 

LES MOUSTIQUES

Espèces : les moustiques du genre Aedes transmettent le chikungunya, la dengue, la fièvre jaune et le virus de Zika ; ceux du genre Culex provoquent la fièvre du Nil occidental ; et ceux du genre Anopheles propagent le paludisme.

Où se trouvent-ils ? Partout dans le monde, à l’exception de l’Islande et de l’Antarctique ; les espèces porteuses de maladies préfèrent les climats tropicaux, subtropicaux et certains climats tempérés.

Les maladies transmises par les moustiques, telles que le paludisme et la dengue, tuent jusqu'à un million de personnes par an. Vous pouvez vous en protéger grâce à des vaccins, des insectifuges, ou encore des vêtements spéciaux de protection.

PHOTOGRAPHIE DE JAMES, CHARLIE HAMILTON, Nat Geo Image Collection

Quelle menace présentent-ils, et comment les éviter ? « Les maladies transmises par les moustiques tuent environ un million de personnes dans le monde chaque année », révèle Spangler. Ces insectes sont à l’origine de 200 millions de cas de paludisme par an, avec environ 625 000 décès, et de 100 à 400 millions de cas de dengue, avec environ 40 000 décès. Bien que 80 % des cas d’infection par la dengue soient asymptomatiques, cette maladie est parfois surnommée « fièvre des os brisés » en raison de la douleur particulièrement intense qu’elle peut provoquer.

Les personnes les plus touchées sont celles qui vivent dans les pays dans lesquels les moustiques sont porteurs de maladie, mais les voyageurs ne sont pas à l’abri pour autant. En outre, le changement climatique provoque également une expansion du territoire des moustiques : bien que la France métropolitaine ne soit pas concernée à ce jour, les États-Unis ont par exemple connu des cas de paludisme d’origine locale en 2023. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) prévient qu’au cours de cette décennie, la dengue deviendra une menace majeure dans davantage de régions d’Europe et des États-Unis.

Lorsque vous préparez un voyage, n’hésitez pas à consulter les cartes mises à disposition par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des États-Unis ou à vous rendre dans des cliniques de médecine des voyages, qui sauront vous indiquer si vous avez besoin de médicaments de prévention contre le paludisme ou de vaccins contre la fièvre jaune. Un deuxième vaccin contre le paludisme a par ailleurs été approuvé début octobre par l’OMS : celui-ci, ainsi qu’un vaccin à usage limité contre la dengue, sont prometteurs pour l’avenir de la lutte contre ces maladies.

Le plus efficace reste cependant de faire tout son possible pour éviter de se faire piquer. Pour ce faire, utilisez un insectifuge contenant de la picaridine ou du DEET et portez des pantalons et des manches longues, idéalement traités à la perméthrine. Dormez avec une moustiquaire, mais sachez que de nouvelles recherches remettent en cause d’anciennes théories selon lesquelles les moustiques responsables du paludisme ne piqueraient que la nuit. Une étude réalisée en 2022 a montré que 20 à 30 % des piqûres de moustiques anophèles ont lieu pendant la journée.

 

LES CÉRATOPOGONIDÉS

Espèces : environ 4 000 espèces de la famille des Ceratopogonidae.

Où se trouvent-ils ? Dans le monde entier, en particulier près des côtes, des lacs et des rivières, à l’exception de l’Antarctique et de l’Arctique.

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    Les Cératopogonidés sont des mouches dont les piqûres peuvent provoquer des réactions allergiques intenses.

    PHOTOGRAPHIE DE David Liittschwager, Nat Geo Image Collection

    Quelle menace présentent-ils, et comment les éviter ? Ces insectes, qui peuvent mesurer de 0,8 à 3 millimètres, sont des sortes de mouches connues sous plusieurs noms en fonction des régions du monde, tels que « brûlot » au Canada,  ou « arabis » et « alambic » dans le sud de la France métropolitaine.

    Ces insectes sont gênants, mais relativement peu dangereux (bien qu’ils puissent propager des maladies rares comme la fièvre d’Oropouche en Guyane française, en Amérique centrale et en Amérique du Sud). Keck précise que « les vrais [Ceratopogonidae] sont en fait très faciles à reconnaître, car leur piqûre est douloureuse ». Certaines personnes ont une réaction allergique encore plus douloureuse, qui se traduit généralement par des rougeurs et des gonflements qui démangent.

    Les insecticides, même s’ils contiennent du DEET, n’offrent qu’une protection limitée. Pour vous protéger des piqûres, portez des manches longues et des pantalons (encore plus efficaces si vous les rentrez dans vos chaussettes). Les chapeaux munis d’un filet fin pourront également protéger votre visage.

     

    LES TIQUES

    Espèces : Ixodidae (tiques dures) et Argasidae (tiques molles) ; environ 60 des 900 espèces, notamment Ixodes scapularis, peuvent transmettre des maladies aux humains.

    Où se trouvent-elles ? Dans les zones herbeuses et broussailleuses, même dans les villes, sur tous les continents à l’exception de l’Antarctique, et dans tous les États américains à l’exception de l’Alaska.

    En suçant le sang de leurs hôtes, les tiques peuvent transmettre des affections telles que la maladie de Lyme.

    PHOTOGRAPHIE DE Dietmar Heinz, Picture Press, Redux

    Quelle menace présentent-elles, et comment les éviter ? Également hématophages, ces insectes à huit pattes sont techniquement des arachnides. Les tiques ne peuvent ni voler ni sauter, mais certaines attendent parfois à l’extrémité d’arbustes situés sur des chemins fréquentés afin de grimper sur les personnes (ou animaux de compagnie) qui passent à proximité.

    Lorsqu’elles se nourrissent, les tiques s’accrochent en plantant une sorte de harpon barbelé dans la peau de leur hôte. Il est donc difficile de les retirer, et il leur faut parfois un jour ou deux pour terminer leur repas. Les morsures de tiques, généralement indolores, passent souvent inaperçues ou sont prises à tort pour des piqûres de moustiques.

    « Différentes espèces de tiques véhiculent différents agents pathogènes infectieux », explique Lin H. Chen, présidente de l’International Society of Travel Medicine. Chaque année, environ 25 000 à 68 000 cas de maladie de Lyme (ou borréliose de Lyme) sont diagnostiqués en France ; et le taux d’incidence annuel tend à augmenter depuis 2009. Les tiques peuvent également transmettre d’autres maladies moins répandues, telles que la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, des rickettsioses ou encore des encéphalites à tiques ; des cas de tularémie, d’anaplasmose et de fièvre pourprée des montagnes Rocheuses sont aussi observés, notamment en Amérique du Nord. Les voyageurs souhaitant pratiquer de nombreuses activités de plein air en Europe et en Asie sont davantage exposés au risque d’encéphalites à tiques et peuvent donc envisager de se faire vacciner.

    « Un certain nombre de répulsifs présentant une certaine efficacité sont disponibles facilement à l’achat », affirme Spangler, « mais dans les zones particulièrement sujettes à la présence de tiques, il est recommandé de réduire l’exposition de votre peau au maximum en portant de bonnes chaussures, des pantalons longs et des manches longues. Si vous rentrez d’une balade près d’herbes hautes ou d’autres feuillages, inspectez tout votre corps à la recherche de tiques. Il est possible d’en repérer une sur vos vêtements (ou même sur votre peau) avant qu’elles ne s’accrochent. » Prendre une douche dans les deux heures qui suivent votre sortie peut également aider à éliminer les tiques qui ne se sont pas encore accrochées.

     

    LES VERS PARASITAIRES

    Espèces : les schistosomes (Schistosoma) et les ankylostomes (Ancylostoma duodenale et Necator americanus).

    Où se trouvent-ils ? Dans les pays tropicaux et subtropicaux, en particulier lorsque les conditions sanitaires sont mauvaises, y compris sur les plages où les chiens et les chats se promènent librement.

    Le schistosome est un type de ver parasitaire qui provoque la maladie de la schistosomiase, fréquente dans les régions dotées de mesures d'hygiène publique insuffisantes.

    PHOTOGRAPHIE DE NIGEL DOWNER, Science Source

    Quelle menace présentent-ils, et comment les éviter ? Bien que les cas d’infections par des vers parasitaires soient rares chez les voyageurs, il est tout de même important de tout faire pour les éviter. Les symptômes peuvent être mineurs (douleurs d’estomac) ou graves (crises d’épilepsie). Les vers ou leurs œufs peuvent par exemple être ingurgités lors des repas, notamment dans de la viande mal cuite ou des légumes mal lavés. Cela peut entraîner une trichinose (causée par des vers ronds), une infection par des cestodes, ou même des cas impressionnants tels que celui d’un vers vivant retiré du cerveau d’une patiente en Australie. Les enfants sont également susceptibles de propager l’oxyurose, surtout s’ils ne se lavent pas bien les mains après être allés aux toilettes.

    En voyage, soyez attentifs aux « expositions environnementales, comme lorsque vous pataugez dans de l’eau douce » qui présente « des risques potentiels de schistosomiase et de leptospirose », et lorsque vous marchez pieds nus sur un sol et un sable contaminés par des ankylostomes ou des strongyloïdes, explique Chen.

    Dans le monde, environ 230 millions de personnes sont atteintes d’une schistosomiase (également appelée bilharziose) et 200 000 personnes en meurent chaque année, principalement, mais pas exclusivement, en Afrique. Selon les CDC, la seule maladie parasitaire plus dévastatrice que la schistosomiase est le paludisme. Les schistosomes se reproduisent dans des escargots d’eau douce, trouvés à ce jour dans soixante-dix-huit pays, et se propagent principalement par le biais de l’urine ou des excréments des individus infectés. Le parasite peut survivre pendant 48 heures après avoir quitté l’escargot et peut pénétrer dans la peau humaine lorsque celle-ci entre en contact avec de l’eau contaminée. 

    Les mauvaises conditions d’hygiène peuvent également entraîner des infections par la plante des pieds, en particulier par le biais de la terre et du sable où des chats et les chiens font leurs besoins. Garder ses chaussures est le meilleur moyen d’éviter les larves de vers comme les ankylostomes et les trichocéphales, ainsi que les lésions, la diarrhée, l’anémie et le prolapsus rectal qu’elles peuvent provoquer. Les médicaments prescrits sont efficaces dans la lutte contre de nombreux vers, à condition que le diagnostic soit correct.

    Si vous êtes mal à l’aise après la lecture de cet article, c’est une bonne chose : cette émotion pourra vous inciter à prendre les précautions nécessaires pour éviter les infections, comme en appliquant un insecticide ou en couvrant votre peau dans les zones à risque. De plus, comme le recommande Keck, « n’oubliez pas qu’il y a beaucoup plus d’insectes bénéfiques que d’insectes nuisibles. La plupart d’entre eux ne vous piqueront pas, ne vous mordront pas, ne vous transmettront pas de maladie et, de manière plus générale, ne vous feront aucun mal. »

    Johanna Read est une journaliste établie à Vancouver spécialisée dans le tourisme responsable. Retrouvez-la sur Instagram.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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