Les découvertes archéologiques qui ont marqué 2023

Une cité maya oubliée, un temple submergé en Méditerranée, des épées remarquablement bien conservées dans une grotte au bord de la mer Morte… Ces découvertes ont changé notre vision de l’Histoire.

De Tom Metcalfe
Publication 8 déc. 2023, 16:18 CET
Les autorités égyptiennes ont annoncé en mai la découverte d’anciens ateliers de momification égyptiens dans la ...

Les autorités égyptiennes ont annoncé en mai la découverte d’anciens ateliers de momification égyptiens dans la région de Saqqara, à Gizeh. Les nouveaux artefacts (dont des lits d’embaumement en pierre et des instruments de momification) remontent à la période ptolémaïque et à la 30e dynastie.

PHOTOGRAPHIE DE Fareed Kotb, Anadolu Agency, Getty Images

L’année 2023 a été exceptionnelle pour l’archéologie : nous avons vu comment de nouvelles techniques telles que l’intelligence artificielle pouvaient conduire à des percées scientifiques, et avons observé sous un nouveau jour certains artefacts qui avaient déjà été étudiés.

Mais l’année a également été marquée par de nouvelles découvertes archéologiques, comme des ateliers de momification en Égypte qui révèlent certains des secrets de cette ancienne technique funéraire ; un temple submergé construit il y a 2 000 ans en Italie par des commerçants venus des déserts d’Arabie, ainsi qu’une vaste cité maya oubliée dans la jungle, mise au jour grâce à la technologie laser.

Voici sept des découvertes les plus marquantes de l'année 2023.

 

1. LES ÉPÉES DE LA MER MORTE

Gauche: Supérieur:

Eitan Klein, directeur du projet d’étude du désert de Judée de l’Autorité des antiquités d’Israël et directeur adjoint de l’unité de prévention du pillage des antiquités, examine la tête de pilum (javelot) en fer retrouvée dans une grotte au sud-est de Jérusalem.

Droite: Fond:

La découverte du javelot a guidé les chercheurs jusqu’à quatre épées remarquablement conservées, dissimulées derrière des stalactites dans la grotte. Les armes telles que cette épée à pommeau annulaire étaient populaires chez les ennemis de Rome avant d’être adoptées par l’Empire au 2e siècle de notre ère.

Photographies de Paolo Verzone

En juin, des archéologues ont découvert quatre épées remarquablement bien conservées qui avaient été déposées dans une grotte du désert de Judée entre le premier et le troisième siècle de notre ère, une époque où la région constituait un refuge pour les rebelles juifs face à la domination romaine. Le bois et le cuir pourrissent généralement rapidement, mais ici, ils ont été protégés par l’environnement sec, au point que les épées ont conservé leur poignée et leur fourreau.

Les épées ont été retrouvées après que la pointe en fer d’un javelot romain appelé pilum et des morceaux de bois travaillé ont été découverts dans une grotte au sud-est de Jérusalem, près de la mer Morte ; les chercheurs ont ensuite fouillé la grotte à l’aide de détecteurs de métaux, et ont découvert les quatre épées coincées derrière des stalactites. Les archéologues pensent que les armes furent probablement cachées là par des rebelles juifs pendant la révolte de Bar Kokhba, entre l’an 132 et l’an 136, après qu’ils les eurent ramassées sur un champ de bataille ou qu’ils les eurent volées à des unités romaines. Les archéologues se réjouissent de l'état de conservation du bois et du cuir, qui pourrait leur permettre de déterminer où et quand les épées furent fabriquées.

 

2. UNE NOUVELLE STATUE SUR L’ÎLE DE PÂQUES

En février, des bénévoles ont mis au jour une nouvelle statue de tête en pierre, appelée moai, sur Rapa Nui, également connue sous le nom d’île de Pâques, dans l’océan Pacifique, à plus de 3 000 km des côtes chiliennes. La statue est petite pour un moai : elle mesure un peu plus de 1.50 mètre, alors que d’autres moai, parmi les quelque 900 que compte l’île, mesurent jusqu’à dix mètres de haut (un moai inachevé aurait atteint plus de 21 mètres de haut une fois fini et érigé). La nouvelle statue a été découverte dans un lac de cratère asséché susceptible, selon les archéologues, de contenir d’autres moai.

La plupart des moai furent érigés entre 1250 et 1500, et les habitants considèrent ces statues comme les « visages vivants » de leurs ancêtres divinisés. On ne sait rien de ce nouveau moai, notamment de l’ancêtre qu’il représente, mais les archéologues comptent chercher les outils utilisés pour le façonner à partir de roche volcanique tendre. Des tablettes de bois portant des glyphes appelés rongorongo pourraient nous renseigner (à condition de réussir à les lire).

 

3. UNE CITÉ MAYA OUBLIÉE DÉCOUVERTE PAR LIDAR

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    Nous l’avons retrouvée : cette année, des archéologues ont découvert l’ancienne cité maya d’Ocomtún grâce à la technologie LiDAR (Light Detection And Ranging), représentée ici sous forme de visualisation de données. Les experts pensent que cette ville d’une cinquantaine d’hectares aurait été un important centre de civilisation.

    PHOTOGRAPHIE DE Žiga Kokalj , Centre de recherche de l'Académie slovène des sciences et des arts

    Au mois de juin, la puissance révolutionnaire du LiDAR (Light Detection And Ranging, traduit en français par détection et estimation de la distance par la lumière) a permis de découvrir une cité maya oubliée, située dans la péninsule du Yucatán, au Mexique. Cette technologie scanne le paysage grâce à un équipement aéroporté qui envoie des milliers d’impulsions de lumière laser chaque seconde, ce qui permet de révéler des détails dissimulés sous une couverture végétale ou autre, comme les courbes et canaux historiques du fleuve Mississippi ou encore les abris construits par les soldats pendant la bataille des Ardennes.

    Les archéologues qui ont visité le site à pied ont baptisé la cité perdue « Ocomtún », un mot maya yucatèque signifiant « colonne de pierre ». Selon les chercheurs, il s’agissait d’un centre important construit aux alentours de 250 de notre ère qui fut ensuite déserté lors de l’effondrement de la civilisation maya entre 900 et 1000, probablement causée par une sécheresse et des conflits internes. Ocomtún couvre plus de 48 hectares et comprend des places, des terrains de jeu de balle, des maisons ayant été habitées par l’élite maya, des plates-formes surélevées, des autels sacrés et des temples pyramidaux ; les vestiges de la plus grande pyramide mesurent plus de 24 mètres de haut.

     

    4. UN TEMPLE ANTIQUE SUBMERGÉ EN MÉDITERRANÉE

    Un archéologue retire les sédiments des vestiges d’un autel en marbre blanc au large de Pouzzoles en Italie. L’autel provient d’un ancien temple qui appartenait aux Nabatéens, des marchands vivant dans le désert dont la grande richesse a permis de construire des villes comme Pétra en Jordanie. Les archéologues pensent que le temple lui-même pourrait se trouver à une cinquantaine de centimètres sous le sable.

    PHOTOGRAPHIE DE Ministère de la culture italien

    En août, des archéologues italiens ont annoncé avoir découvert, près de Naples, les vestiges sous-marins d’un temple vieux de 2 000 ans, qui, selon leurs hypothèses, aurait été construit par les Nabatéens, des marchands du désert originaires de la Jordanie et de l’Arabie saoudite actuelles, qui fournissaient aux Romains des produits de luxe issus d’Orient, et qui sont à l’origine de la construction de Pétra. Une grande partie de leur commerce arrivait au port de Pouzzoles, autrefois dénommé Puteoli, à quelques kilomètres à l’ouest de Naples. Le temple situé sur le rivage du port, qui a vue sur le mont Vésuve, avait fini sous les eaux à la suite d’une période d’activité volcanique.

    Parmi les ruines sous-marines se trouve un autel dédié aux dieux nabatéens ; les archéologues pensent que le temple servait de « panneau d’affichage » à la culture nabatéenne, ainsi que de lieu de culte. Une inscription latine sur un morceau de marbre raconte que « Zaidu et Abdelge ont offert deux chameaux à [la divinité] Dushara » ; un sacrifice qui pourrait avoir eu pour objectif de favoriser des négociations commerciales ou de s’attirer la bénédiction du dieu à l'occasion d'un dangereux voyage en mer.

     

    5. DEUX ATELIERS D’EMBAUMEMENT DATANT DE L’ÉGYPTE ANTIQUE

    Des archéologues égyptiens ont annoncé en mai qu’ils avaient découvert deux nouveaux ateliers d’embaumement dans la nécropole de Saqqara, près des ruines de l’ancienne ville de Memphis, à quelques kilomètres au sud du Caire. Les ateliers datent de la 30e dynastie (380 à 345 av. J.-C.) et de la période ptolémaïque (305 à 30 av. J.-C.), ce qui est tardif pour l’Égypte antique ; la pratique égyptienne de la momification visant à préserver un corps mort pour l’éternité, remonte à des milliers d’années plus tôt, aux alentours de 2600 avant notre ère.

    L’un des nouveaux ateliers de Saqqara comprend des lits d’embaumement en pierre destinés à la préparation des corps humains, tandis que l’autre présente des lits plus petits qui, selon les archéologues, servaient à la momification des animaux. Les chercheurs ont également découvert des instruments de momification, des jarres en argile qui servaient à contenir les entrailles et des récipients rituels dans lesquels étaient placés les organes embaumés, ainsi que des réserves de natron, un type de carbonate de sodium provenant des lits de lacs asséchés dans le désert, qui était un ingrédient clé du processus d’embaumement.

     

    6. DES PIERRES PRÉCIEUSES PERDUES DANS DES THERMES ROMAINS

    Des archéologues ont annoncé en juin avoir découvert ces pierres précieuses sur le site d’anciens thermes romains à Carlisle, en Angleterre. Dans le sens des aiguilles d’une montre, en partant du haut à gauche : la déesse Fortuna tenant une corne d’abondance et une rame ; une souris rongeant une souche d’arbre ; un aigle déployant ses ailes ; un homme récoltant des céréales à l’aide d’une faucille ; Vénus serrant une palme et peut-être une fleur ou un miroir ; le dieu Mars équipé d’une lance portant un trophée.

    PHOTOGRAPHIE DE Anna Giecco

    Des dizaines de pierres précieuses sculptées représentant des dieux romains et des animaux ont été découvertes à Carlisle, dans le nord de l’Angleterre, au milieu des ruines d’un ancien système d’évacuation des eaux de bains publics du troisième et du quatrième siècle. Les archéologues ont annoncé cette découverte en juin. Selon leurs hypothèses, ces pierres précieuses étaient portées comme bijoux par de riches baigneurs, et seraient tombées dans les égouts après que leur monture se fut détachée sous l’effet de l’humidité et de la chaleur des bains.

    Ces gemmes comprennent des pierres semi-précieuses d’agate, de jaspe, d’améthyste et de cornaline ; certaines sont sculptées avec des images de dieux romains, tels qu’Apollon, Vénus et Mars, tandis que d’autres représentent des animaux, comme des lapins et des oiseaux. Ce type de pierres sculptées, appelé intaille, était utilisé par les Romains comme une sorte de signature : ces pierres étaient souvent imbriquées dans une bague et étaient pressées dans de l’argile ou de la cire afin de créer un sceau. Les anciennes canalisations ont été découvertes sous un pavillon appartenant au Carlisle Cricket Club ; la ville était un centre régional de la Grande-Bretagne romaine, à l’époque où Carlisle s’appelait Luguvalium.

     

    7. L’ÉPAVE D’UN BATEAU DE GUERRE EN MER DE CHINE MÉRIDIONALE

    En avril, des chercheurs australiens ont annoncé avoir trouvé l’épave du Montevideo Maru, un navire de transport japonais qui coula en 1942 avec plus d’un millier de prisonniers de guerre alliés à son bord. Le navire transportait des troupes australiennes capturées lors de l’invasion de la Nouvelle-Guinée par le Japon, ainsi qu’un contingent de marins norvégiens et plus de 200 civils retenus prisonniers.

    Le navire se dirigeait vers l’île chinoise de Hainan, alors occupée par le Japon, lorsqu’il fut repéré par le sous-marin américain U.S.S. Sturgeon près de la côte nord des Philippines. Ignorant que le navire japonais transportait des prisonniers de guerre alliés, le Sturgeon le suivit pendant plusieurs heures avant de le couler à l’aide de torpilles. Aucun des prisonniers n’a survécu et ce naufrage constitue la pire catastrophe maritime de l’histoire de l’Australie. Quelques membres de l’équipage japonais survécurent cependant, et rapportèrent que certains des prisonniers qui avaient réussi à monter sur des radeaux de fortune avaient chanté « Auld Lang Syne » en hommage à leurs camarades disparus lors du naufrage.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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