2000-2025 : les plus grandes découvertes scientifiques des 25 dernières années
De l'exploration de l'univers au séquençage du génome humain, la science a fait de grands bonds en avant depuis le début du 21e siècle.

Au cours des vingt-cinq dernières années, la science nous a offert une myriade de découvertes, du premier séquençage du génome humain à l'identification du boson de Higgs par les chercheurs du CERN, dont le grand collisionneur électron-positron (LEP) est photographié ci-dessus.
Malgré de sombres périodes, le 21e siècle a également livré son lot de progrès scientifiques et technologiques monumentaux, des progrès qui ont transformé notre monde pour le meilleur. Les avancées de la médecine ont permis la création de remèdes génétiques sans précédent, la fusion nucléaire est en passe de devenir réalité, nous en savons plus sur l'histoire de la Terre primitive et grâce à l'astronomie, nous avons pu poser les yeux sur un objet que l'on pensait impossible à capturer : les trous noirs.
« Je pense que la science a bénéficié d'un élan incroyable au cours des vingt-cinq dernières années », déclare France Córdova, astrophysicienne actuellement présidente de la Science Philanthropy Alliance et ex-directrice de la Fondation nationale pour la science des États-Unis. « J'aimerais beaucoup voir cet élan s'accélérer grâce aux investissements. Il faut à tout prix laisser la science s'épanouir. »
Alors que le premier quart de siècle du troisième millénaire touche à sa fin, nous avons dressé la liste de ses découvertes les plus fascinantes, accompagnées de cinq énigmes encore sujettes à débat dont la résolution pourrait bien intervenir dans les prochaines décennies.
SCIENCES DE LA VIE
Achèvement du Human Genome Project et avènement de la vie synthétique
Lancé en 1990, le Human Genome Project est parvenu pour la première fois à séquencer un génome humain complet en 2003, créant ainsi un formidable point de référence pour les quelque trois milliards de paires de bases de l'ADN qui composent l'empreinte génétique de notre espèce. Il s'agissait là du plus grand projet biologique collaboratif de l'histoire et son achèvement a fait entrer la génomique dans une nouvelle ère qui a révolutionné de nombreuses disciplines, comme la médecine légale, l'anthropologie, les tests ADN généalogiques ou encore la thérapie génique pour la maladie de Huntington et bien d'autres.
Piloté par les Instituts nationaux de la santé des États-Unis, le projet Génome humain a contribué à l'accélération du domaine novateur de la biologie synthétique, axé sur la mise au point de nouvelles formes d'organismes vivants. Les possibilités offertes par le séquençage du génome d'organismes bien réels, allant du ver à l'Homme, ont ouvert la voie à la réécriture inventive de ce code. Par la suite, les scientifiques ont développé la première cellule synthétique en 2010, le premier ADN synthétique en 2012 et les premiers chromosomes synthétiques en 2014.


Conservés au centre Sanger de Cambridge, en Angleterre, ces 60 plateaux contiennent le premier génome humain complet, sous la forme de 23 040 fragments d'ADN cloné différents. L'objectif du projet Génome humain était d'établir la séquence de bases de l'ensemble des gènes de l'ADN humain pour optimiser la conception des médicaments et approfondir notre connaissance des maladies génétiques.
Micrographie électronique à balayage colorisée des cellules JCVI-syn1.0 de Mycoplasma mycoides, les premières cellules auto-réplicantes contrôlées par un génome synthétique, mises au point par les chercheurs de l'Institut J. Craig Venter.
Découverte et développement de CRISPR
Il y a quelques dizaines d'années, les scientifiques ont remarqué que certaines bactéries disposent d'une sorte de système immunitaire génétique : quand un virus les attaque, elles capturent des fragments d'ADN de l'envahisseur et les intègrent à leur propre génome pour mieux se protéger contre ses futurs assauts.
Baptisé CRISPR, pour « Clustered Regularly Interspaced Short Palindoromic Repeats » (groupement d'éléments palindromiques et d'espaceurs), ce système naturel est à la base d'un outil d'édition génique qui a révolutionné de nombreux domaines, notamment la médecine, les biotechnologies et l'agriculture. Il permet aux scientifiques de couper/coller n'importe quel fragment d'ADN, allant de la simple paire de bases aux ensembles complets de gènes.
Lancée en 2012, l'édition génique fondée sur CRISPR a mené à de nombreuses avancées médicales, parmi lesquelles le premier traitement génétique approuvé contre la drépanocytose et la bêta-thalassémie (Casgevy). La technique a également conduit à la guérison de « Bébé KJ », un enfant né avec une maladie génétique extrêmement rare et mortelle. Jennifer Doudna et Emanuelle Charpentier ont reçu le prix Nobel de chimie 2020 pour la découverte de ces ciseaux génétiques.
« La retombée qui me ravit le plus s'est produite cette année », déclare Doudna, fondatrice de l'Innovative Genomics Institute (IGI). Des chercheurs ont mis au point et administré un traitement CRISPR personnalisé pour un enfant atteint d'une maladie extrêmement rare en à peine six mois. « Cela nous montre que l'édition génique à la demande est désormais possible », ajoute la scientifique. « La technique va offrir de nouvelles options aux milliers d'enfants nés chaque année avec des maladies dont la médecine n'a jamais entendu parler. »
Entre cultures résistantes aux maladies et microbes capteurs de carbone, CRISPR est également à l'origine d'une explosion des biotechnologies dans les domaines du climat et de l'architecture.
Le premier bébé né de trois parents
Il y a près de dix ans, en 2016, un jeune garçon est devenu le premier enfant à hériter de l'ADN de trois parents. Bien que la grande majorité de l'ADN du nouveau-né provienne d'une mère et d'un père, un troisième donneur a fourni de l'ADN mitochondrial sain au génome du bébé. Cette technique de remplacement des mitochondries est utilisée pour réduire le risque de transmission de maladies mitochondriales rares. À ce jour, les bébés nés de trois parents semblent en bonne santé.
AlphaFold résout le problème de repliement des protéines
Pendant des décennies, les biologistes ont cherché un moyen de prédire la forme tridimensionnelle des protéines, les éléments constitutifs de la vie, à partir d'une simple lecture de leur composition chimique. Telle la relation qui unit une serrure à sa clé, le fonctionnement d'une protéine est étroitement lié à sa forme. La résolution du problème de repliement des protéines, comme l'appelaient les scientifiques, offrirait donc à ces derniers de véritables superpouvoirs en matière de génie biologique, accélérant par la même occasion le développement de médicaments susceptibles de sauver des vies. C'est là qu'entre en scène AlphaFold. Développé par le laboratoire DeepMind d'Alphabet, ce programme d'intelligence artificielle a révolutionné le processus de prédiction de la structure des protéines, de l'ADN et de l'ARN, entre autres énigmes cellulaires. Le programme a permis aux chercheurs de comprendre comment se replient et interagissent les composants des cellules bien plus rapidement qu'auparavant, avec une précision proche des résultats expérimentaux longs et laborieux. Récompensée par le prix Nobel de chimie 2024, cette avancée majeure a catalysé la recherche sur les candidats médicaments et les mécanismes essentiels à la vie.
Des millions de vies sauvées par les nouveaux vaccins
La démocratisation de la vaccination figure parmi les grands exploits du 20e siècle, un effort qui a permis d'éradiquer des maladies dévastatrices, comme la polio ou la variole.

En 2020, un soignant injecte à un patient un vaccin expérimental réfrigéré contre la COVID-19, en vision infrarouge.
Le 21e siècle s'est ouvert en poursuivant sur la même lancée. Citons notamment le développement du premier vaccin contre les infections à papillomavirus humain (HPV), qui après son homologation en 2006 a contribué à réduire de 62 % les décès dus au cancer du col de l'utérus. Selon les estimations, les efforts internationaux de distribution du vaccin auraient évité environ 1,4 million de futurs décès.
En 2020, la mise au point et l'homologation rapides des vaccins à ARN face à la pandémie de COVID-19 ont marqué une victoire historique qui a permis de ralentir la propagation de la maladie, sauvant ainsi plusieurs millions de vies. De nos jours, la technologie du vaccin à ARN est utilisée pour lutter contre diverses maladies infectieuses et même certains cancers.
L'immunothérapie par cellules CAR-T contre le cancer
Après des années de recherche, la première immunothérapie par lymphocytes T à récepteur antigénique chimérique a finalement été approuvée en 2017. Ce traitement utilise des lymphocytes T humains, des cellules clés de notre système immunitaire, génétiquement modifiés pour reconnaître et détruire les cellules de certains cancers. L'approche démontre une efficacité élevée pour des cancers comme le lymphome, les leucémies ou encore le myélome multiple.
Plus de 90 % des patients entrent en rémission après le traitement, qui aurait déjà sauvé des dizaines de milliers de vies à ce jour.
PHYSIQUE ET ESPACE
L'invention du graphène
Le graphène est le matériau le plus fin et le plus solide connu à ce jour, composé d'atomes de carbone disposés en nid d'abeille dans un réseau bidimensionnel, de l'épaisseur d'un seul atome. Théorisé pour la première fois en 1947, il a fallu attendre 2004 pour que des scientifiques produisent la première feuille de graphène en laboratoire. La découverte a d'ailleurs valu le prix Nobel de physique en 2010 à Andre Geim et Konstantin Novoselov, deux chercheurs de l'université de Manchester.
En dehors de son exemplarité en matière de finesse et de solidité, le graphène est aussi extrêmement conducteur et transparent. Grâce à ses qualités exceptionnelles, le matériau a stimulé le progrès dans divers domaines en contribuant notamment à la création de filtres à eau plus efficaces, de batteries à charge rapide, de cellules photovoltaïques plus robustes, de biocapteurs plus précis et de nombreuses autres technologies.
L'identification du boson de Higgs
Le boson de Higgs est une particule minuscule, dont la masse n'excède pas celle de 150 protons, mais son impact scientifique est colossal. Suggérée pour la première fois en 1964 par un groupe de chercheurs, auquel appartenait le physicien éponyme Peter Higgs, l'existence de la particule est restée purement théorique pendant plusieurs décennies, sorte de Graal du modèle standard de la physique des particules, la branche axée sur la description des forces et éléments fondamentaux de l'univers. La particule est associée au champ de Higgs, un champ quantique qui s'étend à travers l'univers et confère sa masse à chaque particule élémentaire.
La détection du boson de Higgs est restée hors d'atteinte jusqu'à la construction du Grand collisionneur de hadrons au CERN, le plus grand et le plus puissant des accélérateurs de particules au monde. Il a donc fallu attendre 2012 pour que le CERN confirme enfin la détection de la particule et mette ainsi fin aux décennies de recherche en corroborant le modèle standard. La prouesse a été récompensée par le prix Nobel de physique en 2013.


Autour du CERN, le Grand collisionneur de hadrons occupe un tunnel circulaire de près de 27 kilomètres de circonférence.
Contrairement à ce que son nom indique, le Solénoïde compact pour muons (CMS) est un gigantesque détecteur polyvalent de particules. Installé sur l'anneau du Grand collisionneur de hadrons, il a notamment été utilisé pour traquer le boson de Higgs.
Première détection d'ondes gravitationnelles
L'idée de l'existence d'oscillations de l'espace-temps appelées ondes gravitationnelles a été proposée pour la première fois en 1916, par Albert Einstein, qui doutait que l'on dispose un jour d'un instrument suffisamment puissant pour les détecter. Près d'un siècle plus tard, c'est aux scientifiques du Laser Interferometer Gravitational-Wave Observatory (LIGO) qu'est revenu l'honneur de la première détection d'une onde gravitationnelle, émise par la fusion de deux trous noirs survenue 1,3 milliard d'années plus tôt.
Depuis, plusieurs centaines d'ondes gravitationnelles ont été relevées par LIGO et d'autres détecteurs, ce qui a ouvert une toute nouvelle fenêtre sur l'univers.
« Il s'agit non seulement d'une nouvelle façon d'observer l'univers, mais également d'une technologie qui était inimaginable il y a cent ans », déclare Córdova. « Même s'il y a encore beaucoup à faire, la technique a ouvert la voie à de nombreuses découvertes. »
Par exemple, les ondes gravitationnelles ont révélé des fusions d'une ampleur inattendue et confirmé plusieurs théories sur les trous noirs, émises par d'illustres scientifiques, comme Stephen Hawking et Roy Kerr. Leur détection a par ailleurs été récompensée par le prix Nobel de physique en 2017.
Un nouveau pas sur le chemin de la fusion nucléaire
Le Soleil et les autres étoiles produisent de colossales quantités de lumière et d'énergie en fusionnant les atomes dans leurs cœurs, un processus appelé fusion nucléaire. Parvenir à exploiter l'énergie des étoiles offrirait au monde une abondante source d'énergie propre.
En pratique, nous sommes encore loin de maîtriser la fusion nucléaire, mais la discipline a récemment connu plusieurs avancées majeures. En 2022, les scientifiques du Lawrence Livermore National Laboratory des États-Unis ont dépassé le seuil de rentabilité scientifique, à partir duquel la réaction de fusion produit plus d'énergie qu'elle n'en consomme directement. L'expérience a de nouveau été réalisée avec succès en 2023. Plus récemment, en France, où est mené le plus vaste projet international dédié à la fusion nucléaire, baptisé ITER, les chercheurs ont établi un nouveau record en maintenant une réaction plasma pendant plus de 22 minutes dans le Tokamak WEST, une machine qui « permet de créer et de confiner un plasma de fusion grâce à des champs magnétiques intenses. »[RWS RV1]
Les résultats du Lawrence Livermore National Laboratory représentent une avancée majeure en physique fondamentale : un combustible qui génère plus d'énergie qu'il en absorbe. Cependant, les lasers qui ont injecté cette énergie et permis de dépasser le seuil de rentabilité consomment quant à eux bien plus d'énergie que la production finale du combustible, c'est pourquoi les réacteurs à fusion restent encore un objectif lointain en pratique.
Découverte des premiers objets interstellaires
En 2017, les astronomes ont découvert le tout premier objet en provenance d'un autre système stellaire alors qu'il traversait à toute vitesse notre système solaire. Baptisé Oumuamua, les étranges propriétés de cet objet interstellaire font depuis l'objet d'un débat animé et non, au risque d'en décevoir certains, il ne s'agissait pas d'extraterrestres. Deux autres objets interstellaires ont été détectés, tous deux clairement des comètes : 2I/Borisov en 2019 et 3I/ATLAS en 2025.
L'observatoire Vera C. Rubin, dont les opérations ont débuté cette année, devrait détecter encore plus de ces étonnants voyageurs dans les prochaines années;


Le 5 septembre 1977, à 8 h 56, la sonde Voyager 1 de la NASA quittait le centre spatial Kennedy, en Floride, pour devenir quelques années plus tard, en 2012, le premier engin spatial à franchir les frontières de notre système solaire.
Cette photographie couleur à angle étroit de la Terre, baptisée Pale Blue Dot (Un point bleu pâle), fait partie du tout premier portrait du système solaire capturé par la sonde Voyager 1 de la NASA, le 14 février 1990, à une distance d'environ 6 milliards de kilomètres du Soleil. Les images utilisées pour le Portrait de famille du système solaire proviennent de la dernière série de photographies produites par Voyager 1.
L'Event Horizon Telescope génère la première image d'un trou noir
Demander à un trou noir de jouer les modèles pour une séance photo n'est pas chose facile, c'est pourtant la prouesse réalisée par l'effort mondial de collaboration à l'origine de l'Event Horizon Telescope en 2019. En synchronisant plusieurs radiotélescopes à travers le monde pour créer virtuellement un observatoire de la taille de la Terre, les chercheurs de l'EHT ont pu générer d'incroyables visuels du trou noir supermassif qui occupe le centre de la galaxie Messier 87, située à 55 millions d'années-lumière de notre système solaire.
Des robots visitent les confins du système solaire
Au cours des 25 dernières années, nos explorateurs robotisés ont eu l'audace de se rendre là où aucune sonde n'est jamais allée, pour reprendre Star Trek. De la couronne solaire à la jungle interstellaire, ils sont allés partout.
La sonde Voyager 1 de la NASA est devenue le premier engin spatial à pénétrer l'espace interstellaire en 2012 ; à l'autre bout du spectre, la sonde solaire Parker a osé s'approcher sept fois plus près du Soleil que n'importe quelle autre mission avant elle.
La sonde New Horizons de la NASA est quant à elle devenue la première à survoler Pluton en 2015, alors que diverses missions ont rendu visite à des astéroïdes pour y prélever des échantillons et les rapporter sur Terre, comme les sondes Hayabusa de l'Agence d'exploration aérospatiale japonaise ou OSIRIS-REx de la NASA.

L'image est divisée horizontalement par une ligne ondulée qui sépare le nuage formant la nébuleuse dans la partie basse d'une zone relativement plus claire dans la partie haute. Disséminées de part et d'autre de cette ligne se trouve une nuée d'étoiles de toutes tailles. Les plus petites d'entre elles prennent la forme de points de lumière pâles et distants. Les plus grandes nous semblent plus proches et plus lumineuses avec leurs 8 aigrettes de diffraction. La partie supérieure de l'image est bleuie, elle est traversée de traînées translucides aux allures de nuage jaillissant de la nébuleuse. Le nuage rouge orangé dans la partie inférieure varie en densité, allant de l'opaque au translucide. La couleur des étoiles varie également, la plupart arborant une teinte bleue ou orange. La structure vaporeuse de la nébuleuse alterne entre pics, crêtes et vallées pour offrir un tableau final proche du paysage montagneux. Dans le coin supérieur droit de l'image, trois longues aigrettes de diffraction suggèrent la présence d'une grande étoile en dehors du champ de vision.
Le télescope spatial James Webb nous offre la plus ancienne photo de l'univers
Le 25 décembre 2021, les amoureux de l'espace retenaient leur souffle alors que le télescope spatial James Webb (JWST), l'observatoire spatial le plus puissant de l'histoire, s'élançait de la base de Kourou, en Guyane française. Depuis son orbite à environ 1,5 million de kilomètres de la Terre, le JWST a sondé l'aube de l'univers et découvert de nouveaux mystères, il a scruté le ciel de lointaines exoplanètes, éclairé d'un jour nouveau les objets de notre propre voisinage solaire et produit de splendides clichés du cosmos. Disposant d'une puissance cent fois supérieure à celle du télescope spatial Hubble, le JWST est notre œil le plus affûté sur l'univers et il ne fait que commencer.
Découverte de milliers de planètes en orbite autour d'autres étoiles
Si la détection des premières exoplanètes remonte aux années 1990, l'âge de la découverte des exoplanètes a réellement débuté en 2009, avec le lancement du télescope Kepler de la NASA. En près de dix ans de service, Kepler a découvert plus de 2 600 exoplanètes. Ce bilan impressionnant confirme, enfin, qu'il n'y a rien d'extraordinaire à voir flâner des planètes de toutes sortes autour des étoiles de notre galaxie.
Depuis la retraite de Kepler en 2018, l'existence de nouveaux mondes fascinants en dehors de notre système solaire a continué d'être mise en lumière par une nouvelle génération de télescopes chasseurs de planètes, comme le JWST ou le Transiting Exoplanet Survey Satellite de la NASA. Nous avons découvert des planètes arrosées d'une pluie de métal, d'autres potentiellement habitables et même quelques spécimens « rebelles » qui errent dans l'espace interstellaire. À ce jour, 6 000 détections d'exoplanètes ont été confirmées et les compteurs tournent toujours.
SCIENCES DE LA TERRE
Nous pouvons désormais attribuer directement les catastrophes météorologiques au changement climatique
Depuis des dizaines d'années, les scientifiques savent que notre consommation de combustibles fossiles est à l'origine de la hausse des températures, qui à son tour amplifie les événements météorologiques extrêmes comme les vagues de chaleur, les ouragans ou encore les feux de forêt. Pourtant, ce n'est qu'en 2004 que les chercheurs ont pu attribuer spécifiquement au changement climatique la gravité d'une catastrophe naturelle, plus précisément la canicule qui a frappé l'Europe en 2003.
De cette étude est née la science de l'attribution, une discipline qui s'intéresse à la contribution de l'Homme aux changements environnementaux et climatiques de la Terre. Depuis, nous avons appris que le changement climatique pouvait augmenter le risque et l'intensité des événements météorologiques extrêmes, comme la vague de chaleur qui s'est abattue à nouveau sur l'Europe en 2019. Par exemple, le réchauffement climatique d'origine humaine a été associé aux fortes précipitations de l'ouragan Harvey et à la sécheresse majeure qui a alimenté les incendies de 2025 à Los Angeles.
Les profondeurs océaniques nous livrent des secrets sur l'émergence de la vie
Le 21e siècle a démarré sur les chapeaux de roue avec la découverte de la Cité perdue, un champ hydrothermal semblable aux environnements qui auraient pu donner naissance à la vie sur Terre. Depuis, les scientifiques ont cartographié des monts hydrothermaux cachés, exploré de mystérieux écosystèmes sur le plancher océanique et découvert d'innombrables formes de vie toujours plus étranges, comme le premier animal connu à déposer ses œufs sur les cheminées hydrothermales.
PALÉONTOLOGIE ET ARCHÉOLOGIE
Le LIDAR nous aide à retrouver des trésors archéologiques perdus
La technologie LIDAR, pour Light Detection and Ranging, est une technique de cartographie à distance qui utilise la lumière laser pour créer des cartes précises en trois dimensions. Au cours des vingt dernières années, le LIDAR est devenu plus abordable, ce qui en a fait un outil pratique pour les relevés archéologiques, menant à une avalanche de découvertes sur des civilisations et des peuplements oubliés.
Par exemple, les archéologues ont détecté plusieurs centaines de colonies jusqu'alors inconnues à travers la Mésoamérique, tout en révélant de nouvelles structures fascinantes sur des sites déjà connus, comme le complexe religieux d'Angkor au Cambodge. La technologie s'est avérée particulièrement intéressante pour les régions recouvertes de forêts denses ou les sites isolés en pleine nature, comme la Mésoamérique ou l'Amazonie, en offrant la possibilité de percer la canopée pour détecter d'anciennes structures invisibles.
Une épave polaire redécouverte après plus d'un siècle
En 1845, une expédition menée par le capitaine Sir John Franklin quitte la Grande-Bretagne pour se mettre en quête de l'hypothétique passage du Nord-Ouest, un couloir maritime légendaire qui relierait les océans Atlantique et Pacifique à travers l'Arctique canadien. L'expédition s'achève dans l'horreur et la ruine ; les deux navires qui la composent, le HMS Erebus et le HMS Terror, sont abandonnés et la mort emporte un à un les membres de leurs équipages, certains succombent à la maladie et d'autres à l'exposition aux plus hostiles des conditions.

Cette image produite par un scanner laser nous montre l'Endurance, tel que le navire a été découvert sur le plancher de la mer de Weddell.
Soixante-dix ans plus tard, Ernest Shackleton lève à son tour les voiles et prend la direction de l'Antarctique à bord de l'Endurance, un navire spécialement conçu pour affronter les pôles, que l'équipage a également dû abandonner sur la glace, mais la plupart d'entre eux ont tout de même survécu à la mésaventure.
Ces navires au destin funeste ont tous été redécouverts au fil des dix dernières années : l'Erebus en 2014, le Terror en 2016 et l'Endurance en 2022. L'effort colossal déployé pour localiser les trois voiliers reflète les progrès de l'exploration polaire, de l'archéologie marine et, dans le cas des épaves de l'Arctique, la contribution cruciale et la mémoire des communautés inuits, qui ont transmis de génération en génération des histoires sur les navires.
L'arbre phylogénétique de l’Homme s'agrandit
Notre espèce, Homo sapiens, est l'unique survivante de la lignée humaine sur Terre. Depuis l'an 2000, nous avons découvert ou nous comprenons mieux de nombreux membres disparus de la grande famille des homininés. Homo floresiensis, découvert en 2003, vivait sur l'île indonésienne de Flores il y a 50 000 ans ; la modeste stature de ces lointains parents de l'Homme leur a valu le surnom de « hobbits ».
Découverts en Afrique en 2008 et en 2015, respectivement, Australopithecus sediba occupait le continent il y a deux millions d'années et Homo naledi est apparu il y a 300 000 ans. Les deux espèces incarnent des états transitionnels entre les premiers homininés et les lignées plus récentes, comme la nôtre. Si nous sommes les derniers humains à parcourir la Terre, nous sommes bien loin d'avoir été les seuls.


Squelette recomposé d'Homo naledi entouré d'une partie des centaines de spécimens mis au jour dans les grottes de Rising Star, en Afrique du Sud.
Squelette d'un Australopithecus sediba juvénile de sexe masculin extrait du site de Malapa, également en Afrique du Sud.
L'extraction d'ADN fossile réécrit l'histoire
En plus de la découverte des ossements de nouvelles espèces parentes, les scientifiques ont également innové dans le domaine de l'ADN fossile pour étudier leurs relations génétiques. Les méthodes utilisées pour extraire et analyser l'ADN fossile ont été perfectionnées au cours des 25 dernières années.
En 2010, par exemple, les scientifiques ont annoncé la découverte des Dénisoviens, une lignée humaine primitive disparue à la même période que l'Homme de Néandertal, grâce à l'analyse de l'ADN mitochondrial prélevé sur un os de doigt. Les restes du premier individu hybride, fruit de l'accouplement entre les deux espèces, ont été découverts en 2012 et confirmés grâce à l'ADN fossile en 2018.
L'ADN fossile a également révolutionné notre compréhension de l'histoire de l'Homme moderne en permettant de reconstituer les lignées de diverses civilisations des derniers millénaires et même de suivre la propagation des maladies infectieuses au sein de ces populations disparues.
Découverte de plumes de dinosaures
La découverte du premier tissu mou de dinosaure en 2005 et les nombreux échantillons préservés de plumes ont confirmé les théories antérieures soutenant que même les plus massifs des dinosaures, comme Tyrannosaurus rex, étaient probablement recouverts de plumes, voire même d'un plumage haut en couleur. Cela a permis de mettre à jour les hypothèses de dinosaures à écailles avancées depuis des décennies.
Découverte de momies de la dernière période glaciaire dans le pergélisol
À mesure que la planète se réchauffe, les restes de nombreuses créatures disparues à la fin du Pléistocène, lors de la dernière période glaciaire, émergent d'un sol jusqu'alors gelé, appelé pergélisol. Bien que la fonte du pergélisol soit un problème préoccupant, les chercheurs voient le bon côté des choses et se réjouissent tout de même de voir apparaître des momies dans un état de conservation remarquable, comme un mammouth vieux de 40 000 ans et Sparta, un lionceau des cavernes âgé de 28 000 ans. Les scientifiques ont même réussi à ressusciter un nématode piégé dans le pergélisol depuis plus de 46 000 ans, ce qui pourrait bien être la sieste cryogénique la plus impressionnante de l'histoire.
Une neuvième planète dans le système solaire ?
En 2016, les astronomes Mike Brown et Konstantin Batygin ont émis l'hypothèse d'un mystérieux monde géant qui évoluerait dans l'obscurité la plus totale, vingt fois plus loin que Neptune par rapport au Soleil. Cette théorie fascinante pourrait expliquer les étranges mouvements exécutés par divers objets aux confins du système solaire.
Depuis, les scientifiques traquent le moindre signe de cette hypothétique planète Neuf, qui selon les estimations pourrait être cinq à dix fois plus massive que la Terre. Tout juste mis en service, l'observatoire Vera C. Rubin pourrait bien éclairer notre lanterne à ce sujet dans les prochaines années. Curieusement, Mike Brown est également l'astronome qui a mené l'assaut visant à rétrograder Pluton au rang de planète naine. Si la planète Neuf est un jour découverte, Brown aura donc eu l'honneur inédit de contribuer à la fois à la suppression et à l'ajout d'une neuvième planète dans le système solaire.
Google revendique la suprématie quantique
La suprématie quantique, ou l'avantage quantique, est le seuil au-delà duquel un ordinateur quantique peut exécuter une tâche qu'un ordinateur spécifique ne pourrait pas réaliser dans un délai raisonnable. Au terme d'un partenariat avec le laboratoire national d'Oak Ridge et la NASA, Google a donc déclaré avoir atteint cette suprématie en 2019 après que son processeur quantique Sycamore a réalisé une tâche d'échantillonnage en 200 secondes pour laquelle un superordinateur classique nécessiterait environ 10 000 ans.
Jugée précoce, la revendication a déclenché un débat et diverses contestations, il faudra donc attendre encore un peu pour savoir si l'événement sera réellement considéré comme le premier exemple de suprématie quantique.

La Voie lactée et Jupiter, le point le plus lumineux dans le ciel au-dessus de l'observatoire de Kitt Peak. Avec ses 4 mètres de diamètre, le télescope Mayall, le plus grand sur la montagne, abrite le Dark Energy Spectoscopic Instrument.
L'énergie sombre pourrait ne pas être une constante
Pendant des décennies, les scientifiques ont supposé que l'expansion de l'univers se déroulait à un rythme constant d'accélération, constante à laquelle ils ont donné le nom d'énergie sombre. Cependant, de nouveaux résultats issus de l'Initial Dark Energy Spectroscopic Instrument (DESI) en Arizona, dont les recherches ont débuté en 2021, suggèrent que l'accélération de l'expansion de l'univers aurait en fait ralenti.
Aussi déroutante soit-elle, cette surprise suggère que l'énergie sombre serait une force en évolution, qui pourrait bien ne pas être constante du tout, mettant ainsi à mal l'une des hypothèses fondamentales du modèle standard de la cosmologie.
Nouvelles approches des troubles neurologiques
Selon les estimations, environ 50 millions de personnes à travers le monde souffrent de la maladie d'Alzheimer, un trouble neurologique qui provoque une perte de la mémoire, une confusion, des sautes d'humeur et d'autres symptômes qui affectent grandement la vie quotidienne. Une nouvelle classe de médicaments récemment approuvés par la FDA, appelés anti-amyloïdes, se montre particulièrement prometteuse pour traiter la maladie en ciblant et en supprimant les plaques amyloïdes dans le cerveau, ce qui permettrait de ralentir la progression de la maladie. Puisque ces médicaments ne sont accessibles que depuis quelques années, leur efficacité à long terme est toujours en cours d'évaluation.
En outre, après la découverte d'un lien entre le virus d'Epstein-Barr et la sclérose en plaques, les scientifiques font renaître l'espoir d'un meilleur traitement de la maladie auto-immune qui affaiblit progressivement la communication nerveuse entre le corps et le cerveau. Leurs résultats laissent même entrevoir la possibilité d'empêcher l'apparition de la maladie.
Un nouvel essai clinique est actuellement mené au Royaume-Uni pour évaluer cette hypothèse au travers d'un vaccin.
Découverte de potentielles biosignatures sur Mars, Vénus et des exoplanètes
La science est entrée dans une nouvelle ère de la recherche de vie extraterrestre avec la détection de plusieurs biosignatures potentielles au sein et au-delà de notre système solaire. En 2019, une équipe a signalé la présence de phosphine sur Vénus, dont la source pourrait être géologique ou biologique. L'année dernière, une équipe a également fait part d'une potentielle biosignature dans le ciel d'une exoplanète, mais les résultats de l'étude sont encore débattus à ce jour. De son côté, le rover Perseverance de la NASA a découvert des signes potentiels d'une ancienne vie microbienne sur Mars.
Aucune de ces découvertes ne doit être interprétée comme la preuve irréfutable de l'existence d'une vie extraterrestre, et toutes les trois ont provoqué une certaine controverse, une réaction qui deviendra probablement la norme à mesure que les découvertes s'accumulent au fil des années. Cependant, même si ces résultats ne permettent pas de tirer des conclusions définitives, ils démontrent que la quête de vie extraterrestre commence à s'ancrer dans un ensemble grandissant de données empiriques, au-delà de la théorie ou de la simple spéculation.
Que vont apporter les 25 prochaines années ?
Comment ne pas conclure en se demandant quels progrès scientifiques vont nous livrer les 25 prochaines années ? Quel impact les nouvelles technologies, comme l'IA, l'énergie verte ou encore l'informatique quantique, auront-elles eu sur nos vies en 2050 ?
Personne ne le sait, mais Doudna a une petite idée de l'approche à adopter.
« Ce qui me frappe le plus pour ces 25 dernières années, c'est le nombre d'avancées que l'on doit à la recherche fondamentale, à ces projets lancés malgré l'absence d'une application pratique immédiate », déclare-t-elle. « CRISPR en est le parfait exemple : avec mes collaborateurs, nous étudions les mécanismes de défense des bactéries contre les virus et ce travail guidé par la simple curiosité a conduit à l'invention d'une technologie qui transforme actuellement la médecine, l'agriculture et pourrait même être utile dans la lutte contre le changement climatique. »
Cet élan de la science a besoin d'être entretenu, mais il y aura toujours des défis, même dans les meilleures des conditions. « Mettre ces outils à la disposition de ceux qui en ont le plus besoin, c'est peut-être le plus grand problème que nous ayons à résoudre. »
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.